Je souhaite savoir ce qu'il reste de la vie juive en algerie aujourd'hui :
j'ai un article interessant lors de la visite de chirac au cimetiere juif de saint eugene.
----- Lors de sa visite d'État en Algérie qui, du 2 au 4 mars, s'est soldée par un incontestable triomphe personnel, le Président de la République, en une savante alchimie, a évité tous les pièges passionnels et multiplié les gestes symboliques.
----- Après le cimetière chrétien, en se rendant très longuement dans le cimetière juif de Saint-Eugène - premier responsable de la nation à le faire depuis 1962 – Jacques Chirac a effacé un douloureux sentiment d'abandon. D'autant que la France, en accord avec les autorités algériennes, met enfin en route un plan d'action et de coopération relatif à toutes les sépultures françaises en Algérie. Il devrait permettre de remettre en état les dizaines de milliers de tombes profanées dans tout le pays. À la suite du récit d'Elisabeth Schemla, nous vous proposons tous les détails de ce plan auquel 1million € ont déjà été attribués
.----- Le soleil est à midi, là-haut. Comme avant. Comme toujours. Instant quotidien et unique dans chaque cimetière marin de Méditerranée, entre flammes sombres des cyprès, tôle bleue de l'eau, odeur fraîche de la résine et silence d'éternité lacéré par les klaxons ; seul instant à figer vainement « le secret changement », celui du temps et de l'histoire. Or en cette minute, le lundi 3 mars 2003, l'Histoire précisément fait irruption à Bologhine-Saint-Eugène, sur la corniche à la sortie d'Alger, sous la garde de la basilique Notre-dame d'Afrique, sentinelle dorée qui a tant bien que mal veillé, du sommet de la colline, sur 30 000 tombes accrochées à son flanc.
----- Lorsque Jacques Chirac descend de sa voiture officielle sous les cris et les youyous de la foule au spectacle,- elle qui en manque tant-, puis franchit la grille d'entrée du cimetière chrétien, il marche apparemment, ni plus ni moins, sur les traces de ses prédécesseurs. Giscard et Mitterrand ont déjà foulé ces allées, rendu hommage à la mémoire de ceux qui sont enterrés dans cette rare beauté, se sont avant lui recueillis au pied de la chapelle qui, jadis, a entendu les murmures des prières et croulé sous les bouquets de fleurs vives.
----- Depuis la dernière visite présidentielle ici, dans les années 80, ces deux cimetières français, comme tous les autres en Algérie, ont subi un martyr
----- Pourtant, cette visite est d'emblée différente. Pas seulement parce que ce chef de l'État, n'éprouvant sans doute ni la froideur du premier ni la fascination du second pour les territoires des morts, lui confère solennité et chair à la fois. Mais parce que Saint-Eugène commence à ressusciter. Ressusciter, c'est bien le mot. Depuis la dernière visite présidentielle ici, dans les années 80, ces deux cimetières français, comme tous les autres en Algérie, ont subi un martyr. Durant la décennie sauvage, époque de peur et de sang que l'Algérie a affrontée solitaire, - abandonnée aux islamistes, en particulier par les gouvernements de la France et ses diplomates, barricadés dans leur ambassade d'Hydra transformée en forteresse -, les égorgeurs de Dieu se sont aussi attaqués aux cimetières des pieds-noirs qu'ils ont profanés. Leur haine xénophobe n'avait pas de plus parfaite, de plus pure cible que cette France ex-colonisatrice qui avait laissé une langue, des mœurs et ses morts.
----- Jacques Chirac ne sait sans aucun doute pas à quel point l'offense a été grave. Et le spectacle de réconciliation qui s'offre à lui, tandis qu'il monte vers la chapelle où l'attendent l'archevêque d'Alger, Henri Tessier, le pasteur Philippe et l'imam Djeloul qui vont pour les deux premiers réciter un fort « Notre Père » et pour le troisième expliquer que « l'islam respecte toutes les religions », ne peut pas lui permettre de mesurer tout à fait l'ampleur du scandale. Voilà des semaines en effet qu'une vingtaine d'équipes de cantonniers travaillent d'arrache-pied pour élaguer, désherber, chauler, goudronner, restaurer. Aussi, en prenant ensuite l'allée de ronde qui longe la rue, le Président de la République apprend-il avec quelque étonnement qu'une fatwa partie de la mosquée de Saint-Eugène, alors fief islamiste très dur, avait été prononcée contre le cimetière. Au loin, là-bas, les ossuaires ont été fracassés, voilà pourquoi nombre d'entre eux sont toujours béants. Il écoute attentivement le récit des exactions commises et précise, avec vigueur : « La France, désormais, prend en main tout cela. Nous veillerons scrupuleusement à ce que le plan de rénovation des cimetières que nous mettons en route avec les autorités algériennes soit respecté. Bouteflika s'est montré très coopératif. Il faut que chacun puisse venir ici pour se recueillir dignement sur les tombes ». Il scrute au passage les caveaux, interroge. Tel qu'en lui-même, tout en parlant, Chirac ne peut s'empêcher de temps en temps de lever les bras et de tendre les mains avec un vaste sourire à l'adresse des gens qui, de leurs balcons d'où ils ont entendu ou vu ce qui se déroulait alors, l'acclament et hurlent. Sans retenue. Il continue : « Il n'y a pas que les morts. Dans le même état d'esprit, les archives, celles de vos parents, de vos ancêtres qui sont ici, dont vous avez légitimement l'envie de pouvoir les consulter et les dupliquer seront toutes rendues et numérisées. C'est une tâche de mémoire très importante aussi. » Se rapproche, alors, le carré de terre uniquement planté de croix blanches : les soldats français morts pour leur pays y sont enterrés.
----- Et puis enfin, dans le long mur blanc qui sépare le cimetière chrétien du cimetière juif, un petit portail de fer. Il est ouvert. Il faut gravir trois marches. « De hautes marches », dit Jacques Chirac en franchissant le seuil tandis que les oiseaux, comme à la fête, mêlent leurs trilles aux vivats et aux youyous qui continuent de plus belle.
Un geste d'une énorme portée symbolique
----- Lorsqu'il pose le pied de l'autre côté du portail pour déboucher aussitôt devant des pierres sculptées de lettres hébraïques, ce pas fait de Jacques Chirac le premier président de la République depuis l'indépendance en 1962 à honorer les morts juifs de l'Algérie française.
----- Le chef de l'Etat ne peut ignorer qu'il accomplit ainsi un geste d'une énorme portée symbolique. Pour la mémoire, qu'il invoque tant dans ce voyage d'État, et le présent. Pour tous ceux qui sont enfouis ici et que la République avait dédaignés, ne jugeant guère nécessaire jusque-là de mêler dans un même recueillement, sans exception, tous les enfants de Marianne et d'Abraham. Pour leurs fils, filles et descendants aussi qui, quarante ans après l'arrachement et l'exil qui les a conduits en France ou en Israël rencontrent enfin, en cette matinée printanière d'une période politique difficile, la compassion qu'ils n'espéraient plus.
----- Jacques Chirac est attendu. Un homme âgé et seul, appuyé sur sa canne, lui tend la main. Roger Saïd, avocat qui a du fuir son cabinet de Blida pour Maisons-Laffitte en 1994, au plus fort de la vague sauvage et qui, depuis deux ans, y retourne fréquemment, est aussi le président de la communauté juive. Il est ému. Très ému même. Croire à ce qu'il voit ? Se trouver en face du Président de la République, lui qui avance depuis tant et tant de temps au milieu de l'absence ? Il en fait tomber sa kippa. À peine atteint-elle le sol, le chef de l'État s'est déjà précipité pour la ramasser.
----- Mais Saïd est désolé aussi. Car il n'a pas eu le temps de réunir les dix hommes nécessaires pour la prière. Les aurait-il seulement trouvés d'ailleurs, à part Frédéric Belaïche, dont le père assassiné par les islamistes en plein Alger, repose à quelques pas ? Car la capitale a depuis longtemps perdu tous ses juifs et les synagogues, fermées, n'en ont plus que le nom. Quant au Consistoire, propriétaire du cimetière, il a coupablement abandonné Saint-Eugène, laissant à ceux qui venaient visiter leurs morts le soin de glisser quelques billets à un gardien qui, des années durant, a vécu avec sa famille terrorisé par les intégristes en armes qui se livraient, dans les tombes, à leurs orgies. [ (lire plus bas, en annexe)
----- « Qu'est-ce que cette bâtisse ? » demande gentiment Chirac en se tournant vers ces murs ocres ornés de mauvais vitraux, fraîchement replacés. « Les deux rabbins qui, au 15ème siècle, ont refondé la communauté juive algéroise y reposent », lui répond Roger Saïd. Il souligne ainsi, délicatement, la longue présence des Juifs en Algérie dont certains, même, étaient installés plus à l'Est depuis des temps immémoriaux, bien avant les Arabes et les Turcs. Juifs qui, pour cette raison même, mieux que d'autres aussi parce qu'ils ont endossé - avec dévotion pour la plupart - la nation qui les a faits citoyens par le décret Crémieux de 1870, restent le lien indispensable entre la France et l'Algérie. « Et là ? » poursuit Chirac en pénétrant dans la pièce parsemée de plaques à la mémoire des soldats français juifs qui se sont sacrifiés pour leur patrie. « Ici, ce sont ceux qui sont tombés en 39/45. » Dehors, officiels et journalistes font cercle.
----- Les mots qui s'élèvent soudain dans un silence étreint s'adressent, par delà les vivants, aux 4830 hommes, femmes, enfants du cimetière marin, à cette tombe au loin dont la colonne brisée a été emportée
----- Alors, Roger Saïd demande au Président de la République de bien vouloir écouter une prière. Jacques Chirac se retourne et invite d'un geste l'archevêque et le pasteur à se joindre à lui. Les mots qui s'élèvent soudain dans un silence étreint s'adressent, par delà les vivants, aux 4830 hommes, femmes, enfants du cimetière marin, à cette tombe au loin dont la colonne brisée a été emportée, la laissant comme déshabillée, et ces mots disent d'abord « Chema Israël, Ecoute Israel, l'Eternel est notre Dieu, l'Eternel est un », puis la traduction en français d'un extrait de la prière quotidienne du matin que le chef de l'Etat écoute, comme s'il avait un temps infini devant lui :"Dieu de miséricorde et de grâce, aie pitié de nous, et de toutes tes créatures, car nul n'est comme toi, Eternel, notre Dieu".
-----"De grâce, pardonne-nous nos péchés, notre Père, notre Roi, notre Protecteur et notre Libérateur, le Dieu vivant et éternel, puissant de toute force, plein de grâce et de bonté pour toutes tes oeuvres car tu es l'Éternel, notre Dieu. Dieu longanime et plein de miséricorde, traite-nous selon ta grande miséricorde et secours-nous en faveur de ton nom. Ecoute notre prière, ô notre Roi, et sauve-nous de tout malheur et de toute affliction. Tu es notre Père, notre Roi, ton nom est attaché au nôtre, ne nous délaisse point. Ne nous abandonne pas, notre Père, ne nous repousse pas, notre Créateur, ne nous oublie pas, toi qui nous a formés."
De plus il semble exister un minimum d'organisation juive en algerie, voici les coordonnees :
Synagogue and Jewish Community Office in Algiers
Association Consistoriale Israelite d'Alger,
6 rue Hassena Ahmed, Algiers (formerly rue de Suffren).
Tel: (213) 262 85 72.
Pres.: Maitre Roger Said.
Tel: (213) 349 26 57
Fax: (213) 264 55 36
Federation des Communautes Israelites d'Alger
6 rue Hassena Ahmed (formerly rue de Suffren).
Tel: (213) 262-85-72.
The Jewish Community of Blida
Consistoire d'Algerie, 29 rue des Martyrs, Blida
President: Roger Said.
Tel: 3492657.
Merci de me donner des infos sur la vie juive en algerie aujourd'hui...