Zlabia.com Le Rendez-vous des Juifs d'Algerie





lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika

Envoyé par corine 
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
21 décembre 2007, 11:43
Abraham2210,

Je suis d'accord, arabe et hébreux, n'avons-nous pas les mêmes racines? Pourquoi toute cette haine? Pourquoi toute cette méfiance?

Main dans la main, nous pourrions évoluer bien d'avantage, mais aveugles, nous ne faisons que nous haïr pour des idées qui nous sont incrustées, pour des raisons qui ne sont pas les nôtres.

Bien à vous.
Re: reponse/ à Corinne et Kahina
21 décembre 2007, 14:38
Quote
Abraham2210
Quand au décret Crémieux, il a été necessaire pour que les Juifs ne restent plus sous l'Etat de dhimmis sous le Caliphat Ottoman.

C'est vrai... mais il ne faut pas oublier que ce décret a contribué au schisme entre les deux communautés indigènes... Je parle du petit peuple... Des petites bourgades ou les anciens toute confessions confondu se réunissais et discutait dans un respect mutuel.

Bien avant le décret Crémieux, la France donna la citoyenneté Française aux juifs algériens qui le désiraient. La majorité ne voulait pas y adhérer sans leurs frères indigènes de confession musulmane. Car ils trouvaient ça injuste de se faire donner un statut différent de ceux avec qui ils partageaient pratiquement tout.

Le décret Crémieux fut promulgué dans le but de raccorder la communauté juive séfarade d'Algérie à la communauté juive européenne. Cette idée a été lancée par l'Alliance israélite universelle présidé par M. Crémieux. Cette entité fut crée dans le but de protéger la communauté juive des attaques antisémites et je ne pense pas qu'on puissent leur reprocher le fait de vouloir se protéger.

Décret Crémieux : « Les Israëlites indigènes des départements de l'Algérie sont déclarés citoyens français ; en conséquence, leur statut réel et leur statut personnel, seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française. Toutes dispositions législatives, décret, règlement ou ordonnance contraires sont abolis ».

Je ne crois pas un tell texte aurai pas été prescrit si on connaissait vraiment l’histoire de ces indigènes la… et les liens qu’ils avait avec leur terre et a leur mode de vie. Dans le texte on ne laisse aucun choix «… sont déclarés citoyens français… ».

Maintenant imaginons la situation dans la quelle du jour au lendemain, dans le meme village, une partie de la population change du statut de sous-hommes (car les indigènes de l’époques n’avait meme pas le statut de sujet…) a un statut de citoyens ! Et même s’ils ne veulent pas de ce nouveau statut car il ne veulent pas se dissocier de leur frère musulmans, ils ne peuvent pas… car qu’ils le veuille ou non, leur statut a changé d’office.

Maintenant, pour ceux qui pense que le décret Crémieux n’a apporté que du bon… personnellement j’en doute… et le plus grand mal qu’il a fait a la communauté juive algérienne c’est de l’aider a s’extirper d’une partie de sont identité puis lui coller une qui n’est pas tout a fait la sienne.

A lire : Les juifs, le monde et l'argent, de Jacques Attali

Bonne lecture.
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
06 janvier 2008, 09:05
le professeur cite l'histoire des cafés et des hammames (bains turque pour les femmes) ou l'histoire passe un conte.
a l'epoque coloniale il y a vait deux algerie comme il yavait deux france deux etats unis deux russi. Une des riches et l'autre de la masse. les pieds noirs etaient de simple citoyen vivant dans les villes, souvent au seuil de la pauvreté. Les pieds noires par definition s'etait les europeens des villes. par oppositions aux colons qui etait eux dans les compagnes.
Chez les algeriens la meme chose il yavait ceux qui etait dans les villes et ceux qui etait dans les compagnes.
Les algeriens comme les pieds noirs etaient des citoyens ordinaire.
ET puis dire que les algeriens ont chassé les pieds noirs c'est faux. C'est les pieds noirs qui ont de leur volonté voulu quité les villes algerienne.
Anecdote: apres l'independance alors que je me promenais me raconta un ami j'ai rencontré un vieux ami juif photographe de metier qui etait je crois dans la ville de ain temouchent. il rajoute qu'a la question si oui ou non il regretait son départ d'algerie, le juif de temouchent repondit sans complexe: Que regreterais je, ya elhaj, j'etais un pauvre photographe un jour je travaille les six autres je chaumais. il rajoute, vas y ya elhaje et demande cela, a ceux qui ont laissé derriere eux des chateaux et des palais.
El haje n'avait rien a dire peut etre le photographe juif avait bien fait de quiter une ville pour une autre ville. et si tout le monde est karaya (locataire) quel diffrence y a t'il entre paris et new yrk ou alger et jerusaleme. La meilleure c'est celle qui n'est pas juive française ou americaine russe ou suedoise, la meilleure ville c'est celle qui nous laisse tranquil.
C'est les riches qui font l'histoire, les pauvres la subissent.
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
27 février 2008, 00:41
Conseil amical d’un ancien directeur d’école algérien à ceux qui vont enseigner le rôle « positif » de la colonisation ...

xxx

Alger - Enfin, grâce à l’article 4 de la loi du 23 février 2005 où il est écrit que les programmes scolaires reconnaissent le « rôle positif » de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, les enseignants de France pourront dire toute la vérité sur ce soi-disant rôle « positif » de la présence française durant la période noire de la colonisation en Algérie, en passant par le 8 mai1945 et la « pacification » de 1954 à 1962.

Ils expliqueront comment les grandes villes d’Algérie, berceaux de la civilisation turco-arabo-berbère furent dévastées ; des palais et des mosquées rasés ; des archives historiques transformées en feu de camp pour les troupes françaises ...
Ils rappelleront que tous les Algériens étaient "lettrés". L’historien Michel Harbart le proclame : « Les témoignages sont formels : en 1830 tous les Algériens savaient lire, écrire et compter », la seule ville d’Alger comprenant 3000 médersas.
« La plupart des vainqueurs, note la commission d’enquête de 1833, avaient moins d’instruction que les vaincus. » Ils montreront la richesse de l’Algérie avant 1830.

Un ultra entre les ultras, Genty de Bussy, affirme, malgré lui certainement : « Mostaganem ? Pays couvert d’arbres fruitiers de toutes espèces, jardins cultivés jusqu’à la mer... grâce à un système d’irrigation si bien entretenu par les Maures », mais, ajoutera-t-il, « depuis l’occupation le pays n’offre plus que sécheresse et nudité. »

Concernant la Mitidja, le général de Barillat reconnaissait qu’en 1830 « les plantations font de ce territoire un paradis terrestre ». Le colonel suisse Saladin affirmera qu’il n’a rien vu de comparable en Europe à la région de Blida et ce, après avoir été frappé par la richesse des environs de Tlemcen...

Les « colons » encore aujourd’hui dénient toute exploitation et mise en valeur de ces régions par les Algériens soutenant qu’elles n’ont été que marécages alors qu’ils les ont découvertes après ... plus d’une trentaine d’années de guerre d’une sauvagerie extrême...
Bugeaud en personne regrette : « On n’arrive pas à couper tous les arbres, vingt mille hommes avec des haches ne couperaient pas en six mois les oliviers et les figuiers de ce beau pays ! »
Ces enseignants feront-ils l’éloge de ce « Père Bugeaud ». qui proclama « la guerre continue jusqu’à extermination » ?

« J’entrerai dans vos montagnes je brûlerai vos villages et vos moissons, je couperai vos arbres fruitiers... » et, (...) « il faut les empêcher de semer, de récolter, de pâturer. »
L.F. de Montagnac en mars 1843 : « Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, ... l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied.» Toutes ces menaces des nouveaux "Huns" français furent exécutées grâce à d’autres « valeureux » généraux comme St Arnaud, qui a fait preuve d’un zèle incroyable lors des enfumades de tribus entières, Cavaignac, Pélissier, Lamoricière... ces derniers ayant élevé la razzia et l’extermination en doctrine : sous leurs ordres des milliers d’Algériens furent « enfumés », massacrés déportés ; villages et villes brûlés, récoltes et vergers dévastés ; troupeaux abattus. Il fallait affamer la population indigène pour l’asservir.

« ... Le colon pouvait fusiller l’indigène qu’il voulait. » expliquera le préfet Bouzet à la commission d’enquête de ... 1872 ! La relève fut assurée avec autant de zèle et de talent par leurs successeurs : les sous-préfet Achiary, Duval en 1945, les Bigeard, Massu, Aussaresses et consorts entre 54 et 62.
On a continué d’arrêter, d’assassiner, de violer, de torturer... au nom de « la civilisation » !!! Des milliers de pages ne suffiraient pas pour décrire ces crimes contre l’humanité, ces génocides inqualifiables, l’humiliation et les souffrances de tout le peuple algérien quelle que fût sa classe sociale, au nom du pays des droits de l’homme.

Le meilleur des indigènes ne valait pas la semelle de la chaussure du plus misérable des Européens. Après plus de quarante ans de guerre d’occupation, les « colons » ont « trouvé » un pays, qui fut très prospère, complètement rasé, dévasté mais prêt à les accueillir !!!
Mais qu’y avait-il de "positif" chez ces nouveaux "arrivants" ? Qui étaient-ils? Les vingt premières années : aventuriers, frères de la côte, contrebandiers, trafiquants en tout genre, prostituées...comme le prouvent toutes les archives ... Bugeaud a fait venir des centaines de femmes que lui a "envoyées" son ami, le maire de Toulon et qu’il a "marié" aux soldats transformés en colons !

Tous, qu’ont-ils apporté avec eux si ce n’est leur force de travail ? Se souviennent-ils qu’ils ont aussi émigré et qu’ils se sont expatriés pour survivre, pour manger ? Se rappelle-t-on aujourd’hui d’où ils venaient : en 1845, vingt-cinq mille Espagnols, près de huit mille Italiens, autant de Maltais ... sans oublier les réfugiés, de l’est de la France après l’annexion de l’Alsace-Lorraine, et dans quel état étaient-ils ? Gens pauvres fuyant une terre de misère pour la plupart.

L’Etat ayant décidé une colonisation de peuplement, la « bonne migration» faite de Français de souche, arrive au gré d’événements politiques, économiques...
L’appel lancé par le Cardinal Lavigerie est significatif : « Chrétiennes populations d’Alsace et de Lorraine ... fuyant vos maisons incendiées, vos champs dévastés... l’Algérie vous ouvre ses portes... l’Etat peut se procurer des millions d’ha de terre ... »
Ces émigrés avaient-ils les capacités à "civiliser" un peuple dont la civilisation millénaire était reconnue par les conquérants eux-mêmes ? Non, assurément ! Mais avec tous les moyens mis à leur disposition " ils" ont fini par " bâtir leur Algérie ", " la leur " : leur Eldorado !! Et où était l’indigène ?...

Comment les enseignants français vont-ils expliquer qu’à la veille de la guerre de libération en 1954, 100 % des petits Européens d’Algérie étaient scolarisés et ...19 % de petits indigènes ! • Comment enseigner qu’après 130 ans de « rôle positif » le peuple algérien tombait peu à peu dans le néant car il avait perdu sa langue ( l’Arabe, langue étrangère dans son propre pays ), sa pensée, sa culture, sa personnalité et subissait ainsi la destruction de sa société ?

Comment justifier et cautionner le « rôle positif » de la colonisation dans sa politique d’extermination et de razzia, de torture et de déportation ; dans l’expropriation des Algériens de leurs terres ancestrales et des ressources de leur pays ; dans l’idéologie colonialiste raciste qui considère les indigènes comme des êtres inférieurs, serviles, corvéables à merci, mais bons pour servir de chair à canon ?

Comment commenter et interpréter un « rôle positif » dans le fameux code de l’indigénat et l’aliénation politique qui criminalisaient l’existence entière de millions d’êtres humains considérés comme indignes d’avoir des droits et d’être des citoyens à part entière ?... . a titre d’exemple, certaines plages huppées du littoral portaient des écriteaux : « interdit aux arabes et aux chiens »

Et je passe sur les nombreux bagnards exilés à Cayenne pour des raisons de résistance à l’occupation, et qui ont rendu l’âme loin des leurs sans revoir leur pays d’origine, comme ceux de Nouvelle Calédonie déportés à partir de 1871 et ou l’on compte une nombreuse colonie descendant de ces exilés, déplacés aux antipodes sans espoir de retour.

Comment expliquer la construction d’un pays exclusivement réservée au conquérant européen ? Pratiquement pas un civil européen n’a mis les pieds dans un « village indigène » où il n’y avait ni électricité ni eau courante ... il n’en connaissait même pas l’existence, les routes goudronnées ne desservaient que les villes, villages et fermes de la colonisation !!

Comment expliquer le « rôle positif » de la France coloniale qui, en 54, a choisi la guerre à outrance faisant des dizaines de milliers de morts, de veuves et d’orphelins plutôt que de chercher une solution pacifique avec le peuple algérien ?

Comment expliquer un « rôle positif » dans le fait d’avoir laissé faire l’OAS et sa politique de terre brûlée qui n’a laissé derrière elle que chaos et désolation et qui a provoqué ainsi, directement ou indirectement, le "départ" des Européens d’Algérie?

« En 1962 sur une population de 10 millions d’habitants, 2,6 millions étaient au chômage. On comptait 4 millions de personnes regroupées par l’armée française pour couper l’ALN (Armée de libération nationale) de sa population, 400 000 détenus, 300 000 réfugiés, auxquels s’ajoutent près de 80 000 villages et hameaux détruits ou incendiés... », outre les milliers d’orphelins privés du strict nécessaire.

La colonisation a fini comme elle a commencé : dans la violence !!!
« L’œuvre civilisatrice » française ne fut qu’une succession horrible de crimes contre l’humanité. Et l’Algérie ne demande que la reconnaissance officielle de ces crimes commis sur son territoire contre son peuple et de ne pas oublier le fait qu’elle a été transformée en zone d’essais nucléaires, essais qui ont permis à la France d’avoir aujourd’hui une telle position stratégique dans le monde.

Selon même des maquisards encore en vie, la première bombe a été expérimentée en pleine guerre d’Algérie à Reggane, dans le Sahara algérien avec attachés à coté des chiens et d’autres animaux, plus d'une centaine de combattants algériens, à proximité immédiate du lieu de l’explosion en vue de connaître les effets des radiations sur l’organisme de l’homme.

Le traité d’amitié, qui se veut exceptionnel, entre nos deux pays, nos deux peuples et notre avenir commun, n’en déplaise à certains, mérite que l’on doive agir vite et efficacement et ce dans le respect mutuel de nos deux histoires, de nos deux passés aussi douloureux fussent-ils.

Le devoir de mémoire n’implique pas seulement de reconnaître le « rôle positif » de la colonisation mais, et surtout, de rétablir l’histoire dans ses faits réels principalement dans les manuels scolaires.
il faut rappeler que dans les écoles indigènes, on enseignait que « Nos ancêtres étaient les Gaulois » !....Aucune loi ne peut être conçue pour falsifier l’histoire.

Enseignants français, cette loi vous est imposée : en attendant son abrogation, cherchez dans les archives de la colonisation en Algérie et vous découvrirez, en plus de ces quelques données, ce que l’on ne vous a jamais enseigné : l’horreur... Et alors vous pourrez transmettre l’Histoire avec un grand H : ce sera tout en votre Honneur.

M.O. Y.
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
27 février 2008, 01:50
En 1832, deux ans après le débarquement français en Algérie, une sombre affaire de vol commis par des membres de la tribu des Ouffas provoque la colère du gouverneur d’Alger, le duc de Rovigo, qui vient d’être nommé par la France. En représailles, il lance contre les Ouffas une attaque au cours de laquelle « tout ce qui y vivait fut voué à la mort ».
« En revenant de cette funeste expédition, racontera le colonel Pélissier de Reynaud, plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances et une d’elles servit, dit-on, à un horrible festin [1]. » Simple dérapage d’un colonel français, ou massacre prémédité ?
« Des têtes. Apportez des têtes, aurait demandé à l’époque le gouverneur d’Alger. Bouchez les conduites d’eau crevées avec la tête d’un Bédouin que vous rencontrerez. »
Bilan, « il y eut douze mille morts chez les Ouffas. On trouva, les jours suivants, bracelets et boucles d’oreilles en abondance au marché algérois de Bab-Azoun. La devise de Rovigo était: "On m’a coupé trois têtes ; si dans 48 heures les coupables ne me sont pas livrés, j’irai chez vous et je prendrai trois cents têtes ; et il tenait parole" [2] . »

Dès lors, et jusqu’en 1848, les troupes françaises engagées dans la conquête de l’Algérie multiplient les expéditions meurtrières.
En 1834, une mission élémentaire dresse à son retour d’Algérie un sévère bilan de la conquête: « En un mot, nous avons dépassé en barbarie les barbares que nous venions civiliser et nous nous plaignons de ne pas réussir auprès d’eux [3] . »

A partir de 1837 et l’arrivée de la Légion étrangère commandée par Achille de Saint-Arnaud sous la supervision du général Bugeaud, les massacres délibérés prennent une dimension effarante. L’objectif affiché, que l’on n’hésiterait pas aujourd’hui à qualifier de génocidaire, est de réduire les effectifs des populations algériennes, pour permettre à la colonisation de prendre ses aises.

L’expression consacrée est: « Comprimer les Arabes » - elle est d’Alexis de Tocqueville, qui préférait cela à l’« extermination » des Indiens en Amérique. Pour Bugeaud, le but « n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile, il est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, [...] de jouir de leurs champs ». « Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [...], ou bien exterminez-les jusqu’au dernier [4] »: cela s’appelle la razzia.

Et la razzia devient bientôt routine: « Nous tombions sur une portion de la tribu des Garabas qui a été surprise, gobée, dévalisée: neuf cent quarante-trois boeufs, trois mille moutons et chèvres, trois cents ânes, soixante chevaux, trois mulets, vingt chameaux, force poules, beaucoup de tapis, des tentes, de l’orge, du blé, de l’argent, etc., sept femmes et quelques hommes (ceux qui n’ont pas pu se sauver ont été tués), je crois qu’il est difficile de faire razzia plus complète. [...]

"Tant mieux, c’est très amusant », écrit le lieutenant-colonel de Montagnac, un de ces nombreux militaires français arrivés en Algérie avec le grade de lieutenant et repartis une quinzaine d’années plus tard avec celui de général. « Les femmes, les enfants accrochés dans les épaisses broussailles qu’ils sont obligés de traverser, se rendent à nous, continue de Montagnac. On tue, on égorge ; les cris des épouvantés, des mourants, se mêlent au bruit des bestiaux qui mugissent, bêlent de tous côtés.

Chaque soldat arrive avec quelques pauvres femmes ou enfants qu’il chasse, comme des bêtes, devant lui [...]. Vous me demandez ce que nous faisons des femmes que nous prenons. On en garde quelques-unes comme otages, les autres sont échangées contre des chevaux, et le reste est vendu, à l’enchère, comme bêtes de somme. Parmi ces femmes, il y en a souvent de très jolies. »

Je pense que ces témoignages produits par des Français de souche ou presque ne hanteront pas les nuits des nostalgiques de "l'Algérie de papa". Il faut savoir, enfin, que le plus grand génocide après celui des Indiens d’Amérique est algérien. HUIT MILLIONS D’ALGERIENS massacrés pour et par la France.
Les premières chambres à gaz ne sont pas allemandes, elles sont françaises. Des dizaines de milliers d’Algériens dont des enfants, des femmes et des vieillards ont été gazés à la paille ; il s’agit des tristement célèbres enfumades du Dahra organisées par le général Pélissier, une vraie ordure humaine qui se distingua par cette déclaration qui donne froid au dos « la peau d’un de mes tambours avait plus de prix que la peau de tous ces misérables ».

Ce général a fait gazer les survivants de 15 grandes tribus du Dahra dont les hommes valides se battaient ailleurs contre Bugeaud. Il a fait gazer des vieillards, des femmes et des enfants sans défense des tribus des Ouled Riah, des Achâacha, Hachachta, Adjissa, Beni Zerroual, Tazgaït, Médiouna, Nekmaria et bien d’autres dans la seule région de Mostaganem. Il récidivera plus tard dans le Haut Dahra ; Ténès, Chlef, Miliana.

Monsieur le medecin, je vous conseille de visiter ces grottes. Elles racontent à ce jour les horreurs françaises. Alors, Monsieur, en attendant le procès, à titre posthume, de cette horde de barbares que sont vos maréchaux, généraux et colonels, Bugeaud, de Bourmont, Pélissier, Cavaignac, Saint Arnaud, Lamoricière, Rovigo, Montagnac et de bien d’autres racailles, de la vraie racaille celle-là, la peste brune qu’aucun criminel de guerre n’a su égaler à ce jour, en attendant donc ces procès posthumes qui tardent à venir, je vous conseille de la fermer (la parenthèse coloniale) sur les bienfaits de la colonisation.

Pour ce motif, Monsieur le medecin, à partir de dorénavant, quand vous croiserez un franco-algérien des banlieues, qu’il soit descendant de moudjahid ou de harki, ayez l’élémentaire décence de baisser les yeux.
Car les Algériens se sont battus avec et pour la France pendant plus d’un siècle: en Crimée, au Mexique, à Sedan, à Verdun, à la Marne, au Tonkin, à Madagascar, en Indochine et même en Algérie contre leur propre peuple.
Ils sont des centaines de milliers d’Algériens à avoir donné leur vie pour la France. Combien de Hongrois comme Nicolas Sarkozy l’ont fait, combien ? Aucun je crois ; ils se battaient en face pour Hitler. Ces mêmes Algériens, morts pour cette même France ont été également traités de racaille et de sous-hommes à l'epoque.

Sinon pourquoi étaient-ils utilisés comme chair à canon, boucliers humains dans toutes les grandes batailles que la France a menées pour sa survie ? Le plus caustique et, aussi, le plus affligeant est que cette « racaille », les tirailleurs algériens et les tabors marocains s’étaient battus à Marseille et Monté Cassino (Mont Cassin en français) contre les Panzergrenadiers allemands soutenus par des volontaires hongrois et français de la division Charlemagne ; la vraie racaille de droite et d’extrême droite dont les héritiers actuels s’appellent Le Pen, de Villiers et bien d’autres qui ont admiré et servi l’Allemagne nazie, celle qui a gazé ou éliminé des centaines de milliers de juifs, des resistants et d'autres populations, comme les gitans, considerés comme sous-hommes.
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
27 février 2008, 03:07
Le bougnoule (par René Naba)

A l’assaut des tranchées adverses, ployant sous un déluge d’obus, suffoquant sous l’effet des gaz mortels sur les champs de bataille brumeux et venteux du Nord-est de la France, sous la glaciation hivernale des nuits noires de novembre, à des milliers de kilomètres de leur tropique natal, les grandes rasades d’alcool galvanisaient leurs ardeurs combatives à défaut d’exalter leur patriotisme.

En ces temps là, «la chair à canon» carburait à la gnôle. Par un subterfuge dont la raison détient seule le secret, qui n’en révèle pas moins les présupposés d’un peuple, les ressorts psychologiques d’une nation et la complexion mentale de ses dirigeants, la revendication ultime préludant au sacrifice suprême -«Aboul Gnoul», apporte l’alcool- finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs. «Bougnoule» tire son origine de l’expression argotique de cette upplique ante mortem. Elle finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse (1), d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral.

Curieux rapport que celui qui lie la France à sa mémoire, étrange rapport que celui qui lie ce pays à lui-même, à la fois «Patrie des lumières et des Droits de l’Homme» et patrie du «Code Noir» de l’esclavage, le code de l’abomination, de la traite de l’Ebène et du mépris de l’Indigène. Etrangement curieux le rapport qui lie ce pays à ses alliés de la période coloniale, les peuples colonisés d’Outre-mer. Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire, goumiers Algériens, spahis Marocains, tirailleurs Tunisiens, Sénégalais et Soudano nigériens, auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

Substituer une sujétion à une autre, se faire décimer, au choix, sur les champs de bataille ou sur le terrain de la répression au retour au pays, avant d‘être mobilisé à nouveau pour la relance de l’économie de la Métropole, que de conséquences traumatiques ils pâtiront de cette «querelle de blancs». Il n’était pas question à l’époque de «seuil de tolérance» mais de sang à verser à profusion. Beaucoup acquitteront leur tribut du sang en faisant l’apprentissage de l’ébriété, sans connaître l’ivresse de la victoire. Beaucoup survivront à l’enfer de Verdun ou de Monte Cassino avant de sombrer dans le désarroi de l’incompréhension au sein de la cohorte des alcooliques anonymes. Beaucoup en perdront la raison devant une telle aberration de comportement. Beaucoup, plus tard, bien plus tard, basculeront dans une révolte libératoire qui sonnera le glas de l’empire français.

Recru d’épreuves au terme d’une vie brève mais houleuse, Lapaye Natou, vaillant combattant de l’armée de l’Union Française, miné par les ravages de l’alcool de palme, s’effondrera un crépuscule de l’été 1961. Gisant au pied du baobab de sa ville natale de Kaolack, dans la région du Sine Salloum, au Sénégal, un des centres mondiaux de l’arachide, qui fit la fortune des comptoirs coloniaux des négociants bordelais, Lapaye Natou, -l’auteur en a été le témoin-, apostrophera dans un ultime sursaut de fierté son auditoire en ces termes: «C’est moi Lapaye Natou, l’homme de l’homme, coeur de lion, peau de panthère, l’homme qui en fait son dawar, en a Mer, en a Méditerranée, en à l’Est Baden-Baden. Celui qui me connaît ça va, celui qui ne me connaît pas tant pis».

En termes policés, c’est à dire en termes moins rudimentaires mais certainement moins expressifs, cela donnerait: «C’est moi Lapaye Natou, un être humain, courageux et résistant, un homme qui a répondu à l’appel du devoir en participant, loin de son pays natal, à tous les combats de la France, de la Méditerranée jusqu’au point de jonction des forces alliées au coeur de l’Europe. Je rends grâce à ceux qui reconnaissent ma valeur et voue aux gémonies ceux qui méconnaissent ma valeur et celle de mes semblables». Que d’imprécations devant cette malédiction du destin auront ainsi été proférées en un siècle hors de portée de leurs véritables destinataires.

Que de ressentiments étouffés dans l’anonymat le plus complet. Que de colères contenues devant tant de désinvolture à l’égard de ce que l’un des leurs, Frantz Fanon, qualifiera de «damnés de la terre» (2). Rares sont les populations qui auront connu pareil parcours chaotique sans jamais cultiver une idéologie victimaire, sans jamais en faire usage ultérieurement dans leur combat pour leur acceptation.

Un agrégé de grammaire de l’Université française, une discipline où les lauréats sont rarissimes, qui présidera par la suite aux plus hautes destinées de son pays, Léopold Sedar Senghor (3), gratifiera ces victimes muettes de l’Histoire de la dignité de «dogues noirs de la République». Ciselée avec soin par un orfèvre dans l’art sémantique pour affirmer sa douloureuse solidarité avec ses frères de race, cette formule passera à la postérité comme la marque de scarification morale de leurs cerbères et de leurs héritiers naturels. «Les dogues noirs de la République», anti-mémoire de la France, sa face cachée, ainsi que son prolongement conceptuel, la «Négritude», que cet enfant chéri de la Francité forgera par opposition identitaire à ses anciens maîtres, constitueront le levier d’affranchissement du continent noir, son thème mobilisateur vers son indépendance. Pur produit de la culture française, un des grands motifs internationaux de satisfaction intellectuelle de la France, théoricien du métissage culturel et de la civilisation universelle, membre de l’Académie Française, condisciple du président français Georges Pompidou au Lycée Louis-le- Grand à Paris, ministre de la République Française et un des grands animateurs de l’Internationale Socialiste, Senghor sera, inexplicablement, le grand oublié de l’énarchie française à ses obsèques à Dakar, le 20 décembre 2001, à 95 ans, qu’elle réduira à sa seule africanité, illustration symptomatique de la singularité française.

Dans les ouvrages de référence de la société savante de l’élite française, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique: «Le bougnoule, nom masculin apparut en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux Nord-Africains. Synonyme de bicot et de raton».

Avare de précision, la définition, sibylline, paraît quelque peu succincte. Masque-t-elle gêne, ignorance, indifférence ou volonté d’atténuation? L’expression était-elle vraiment familière? Serait-elle le fruit d’un paternalisme blanc de bon aloi envers de braves noirs «bons sauvages»? Qui sont donc ces Européens qui proféraient de telles appellations injurieuses? Des Suédois insultant des Phéniciens, les ancêtres des Carthaginois? De quelle planète étaient-ils les habitants? En quelle ère de notre Histoire? Qui sont donc ces Nord-africains à l’identité mal définie qui faisaient -qui font- l’objet d’une telle interpellation? Le dictionnaire (4) qui donnait la définition du Bougnoule date pourtant de 1979, une époque récente de l’histoire contemporaine. Il se gardait bien d’identifier les Maghrébins, 30 ans après l’indépendance de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, une nouvelle fois englobés dans le même sac de leur ancienne dénomination coloniale.

Treize ans plus tard, en 1996, ce même dictionnaire, cédant sans doute à l’esprit du temps sous l’effet des revendications des mouvements associatifs et des succès remportés par les jeunes générations issues de l’immigration, en donnera une définition laconique en un style télégraphique qui masquait mal les connexions: «familier, péjoratif, injure raciste/ 2 maghrébins, arabes» sans qu’il soit précisé s’il s’agissait d’injures racistes proférées à l’encontre des Arabes et des Maghrébins ou des injures échangées entre eux par des Arabes et des Maghrébins.

Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les «mélanodermes», les «arabo-berbères et négro-africains» chers à Senghor, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par «ratonnade» une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

Loin de relever de la casuistique, l’analyse du contenu participe d’une clarification sémantique et psychologique, d’un exercice de pistage des «non-dits» de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français. Le sujet demeure largement tabou en France et le problème soigneusement occulté des manuels scolaires et débats publics. Tel un spasme, il surgit par soubresaut par suite de malencontreuses réminiscences. Craint-elle tant, la France, au point de l’exorciser, l’idée «qu’un sang impur ait abreuvé ses sillons»? Croit-elle vraiment à la réalité d’un «sang impur» si pourtant abondamment sollicité sur les champs de bataille de Champagne-Ardenne, de Bir Hakeim, de Toubrouk, de Coufra et d’ailleurs?

Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat ne s’en impose pas moins tant sur la contribution des «peuples basanés» à la libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement de leur pays d’accueil. Non pas tant par appétence polémique mais pour une oeuvre de restauration de la mémoire française par la reconstitution du maillon manquant, cet assemblage des «fils visibles et invisibles qui relient les individus à leur environnement, le réel à l’Histoire» (5), une mesure de prophylaxie sociale sur les malfaisances coloniales dont l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la France, telles que -simple hypothèse d’école?- la correspondance entre l’amnésie sur les «crimes de bureau» de 1940-44 et l’impunité régalienne de la classe politico administrative sur les scandales financiers de la fin du XXme siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie contemporaine.

Réalité honteuse longtemps niée et même déniée par une sorte de péché d’orgueil, la permanence d’une posture du mépris et de l’irresponsabilité -la singulière «théorie du fusible à la française»- et d’une idéologie protofasciste inhérente à un pan de la culture française, finiront par s’imposer dans toute leur cruauté à l’occasion des élections présidentielles de 2002 en plaçant les Français devant l’infamant dilemme de choisir entre un «escroc» et un «facho» (6), entre un «super menteur» et un «superfacho» (7), deux septuagénaires vétérans politiques de l’époque de la guerre froide occupant le devant de la scène depuis près de quarante ans, les deux candidats les plus âgés, les plus fortunés et les plus décriés de la compétition, mutuellement confortés dans une campagne sécuritaire, l’héritier d’un gaullisme dévoyé dans l’affairisme le plus débridé (8) face à l’héritier d’un vichysme sublimé par un ancien tortionnaire de la Guerre d’Algérie.

Le premier, Jacques Chirac, auteur d’une formule chauvine d’une démagogie achevée sur les «bruits et les odeurs» des familles immigrées qui ponctionnent la sécurité sociale par leur prolificité génésique, le second, Jean Marie Le Pen, auteur d’une formule d’une abomination absolue sur le «Durafour crématoire (...) point de détail de l’Histoire». «Une des plus grandes bévues démocratiques de l’histoire contemporaine de la France» (9), selon l’expression de l’écrivain indo britannique Salman Rushdie, la première consultation populaire à l’échelon national du XXIme siècle révélera aux Français et au Monde médusés, le délitement moral d’un pays volontiers sentencieux et le discrédit de son élite non moins volontairement obséquieusement arrogante, incapable d’assumer au terme d’un pouvoir monopolisé tout au long de la seconde moitié du Xeu siècle, au niveau économique, la mutation postindustrielle de la société française, au niveau sociologique, sa mutation postcoloniale, au niveau de son opinion nationale, sa mutation psychologique, signe de l’échec patent de la politique d’intégration de sa composante afro musulmane.

«Si une France de 45 millions d’habitants s’ouvrait largement, sur la base de l’égalité des droits, pour admettre 25 millions de citoyens musulmans, même en grande proportion illettrés, elle n’entreprendrait pas une démarche plus audacieuse que celle à quoi l’Amérique dut de ne pas rester une petite province du monde anglo-saxon», prophétisait, déjà, en 1955, Claude Lévi-Strauss en un saisissant résumé de la problématique post-coloniale dans laquelle se débat la société française depuis un demi-siècle (10).

La France ne saurait être le dépotoir de l’Europe, mais ni les Arabes, pas plus que les Africains ne sauraient être l’exutoire à tous les maux de la société française. L’HISTOIRE est incomplète sans le témoignage des perdants. La rationalité cartésienne, transcendance symbiotique de l’intelligence athénienne et de l’ordre romain, quintessence de l’esprit critique, aura ainsi engendré des monstruosités dans ses moments d’assoupissement. Nul pays n’est à l’abri de telles dérives devant les grands bouleversements de l’histoire et l’ingratitude passe pour être une loi cardinale des peuples pour leur survie. Mais l’exception française si hautement revendiquée d’une nation qui se réclame de la grandeur est toutefois antinomique d’une culture de l’impunité et de l’amnésie, une culture érigée en un dogme de gouvernement et, à ce titre, incompatible avec la déontologie du commandement et les impératifs de l’exemplarité.

Références:
1-Valmy: Première victoire militaire de la République remportée par les généraux Dumouriez et Kellermann, en 1792, dans cette localité de la Marne, elle inspira à Goethe, qui a en été le témoin, cette exclamation: «D’aujourd’hui et de ce lieu date une ère nouvelle dans l’histoire du monde».

2-Psychiatre et révolutionnaire d’origine martiniquaise, spécialiste du phénomène de la dépersonnalisation liée à la situation coloniale, représentant diplomatique des indépendantistes algériens au sein des instances internationales. Auteur de «Peau noir, Masques blancs», 1952, «Les Damnés de la terre» (1961) et «Pour la Révolution Africaine» (1969).

3-Léopold Sedar Senghor, décédé à 95 ans le 20 décembre 2001, a été le premier Président de la République du Sénégal (1960-1980). Ni le président néo-gaulliste Jacques Chirac, ni le premier ministre socialiste Lionel Jospin ne se sont rendus à ses obsèques, s’attirant de violentes critiques de la presse contre ce «manquement injustifiable».
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
27 février 2008, 03:22
bien lire "supplique ante mortem" deuxieme para. sixieme ligne.Merci
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
27 février 2008, 08:03
reponse d'un simple citoyen au "professeur agrégé"



Etes-vous sûr d’aimer la France, Monsieur le président Sarkozy, plus que les autres Français d’origine étrangère ?


ALGER, - Monsieur le Président, vos déclarations aussi impulsives qu’intempestives sur les jeunes révoltés des banlieues (racaille, nettoyer les banlieues au Karcher, aimer la France ou la quitter et autres noms d’oiseaux variés) ainsi que votre dernière trouvaille de loi sur l’immigration, conduisent naturellement à penser que vous agissez contre les intérêts supérieurs de votre propre pays, la France.
Elles trahissent en définitive un profond sentiment de désarroi et de rejet de cette même France que vous appelez d’autres à aimer sinon à la quitter. Cette singulière attitude n’est pas la meilleure des manières d’aimer la France et encore moins de la faire aimer. Voici pourquoi.

Vous qualifiez les jeunes beurs révoltés de racaille, exactement comme les nazis de Hitler et leurs héritiers actuels (Le Pen, de Villiers et consorts) qualifiaient les juifs de vermine. Cette insulte inqualifiable (racaille, vermine) dite alors que vous étiez un ministre français en poste et président de parti, l’UMP, gaulliste de surcroît, prétendant déclaré à la présidence de la République Française, est humainement insupportable, vraiment insupportable, Monsieur Sarkozy.

Elle conduit et appelle surtout à de plus violentes révoltes génératrices à leur tour de haines et de divisions entre les communautés, entre les religions, entre les citoyens d’un même pays. De fait, l’insulte que votre seule impulsivité n’explique pas, par sa défiance irresponsable et son caractère provocateur, atteint les jeunes et leurs familles, dans leur dignité d’êtres humains, dans leur amour-propre de jeunes et dans leurs droits républicains de citoyens français. Tout porte donc à croire que vous poussez volontairement la France minoritaire des banlieues, la France du ghetto, à plus de violences aux seules fins d’effrayer l’autre France, la majoritaire, la France tranquille, celle qui vote et dont vous serez, naturellement, le seul et le plus grand défenseur ; on l’aura deviné.

Ainsi, vous vous posez plus et mieux que Le Pen en défenseur autoproclamé des Français de souche, pur beurre, contre cette « barbarie française » des banlieues que vos discours suggèrent arabe, islamique et africaine et que, entre nous soit dit, vous avez vous-même contribué à créer, à provoquer ; vos diverses polices aidant. Agir ainsi, Monsieur Sarkozy, est-ce le meilleur moyen d’aimer la France ? Est-ce le meilleur moyen de paraître plus français que français ? Est-ce le meilleur moyen de rassurer ces centaines de millions de musulmans, d’Africains et d’Arabes qui entretiennent avec la France des rapports historiques et qui demandent, maintenant plus que jamais, à être assainis, clarifiés ?

Car, pour mémoire, sachez Monsieur Sarkozy que pour devenir chancelier, Hitler avait agi comme vous, exactement comme vous le faites aujourd’hui ; faire peur au brave petit peuple et se poser en muraille infranchissable contre la « racaille » des banlieues arabes, islamiques et africaines qui menacent la quiétude du brave et grand peuple de France. Dans le même contexte argumentaire que développait Hitler contre les communistes allemands et la « vermine » juive. Vous connaissez la suite, Monsieur Sarkozy: 60 millions de morts.

Cette même « racaille » que vous comptez nettoyer au Karcher dans les banlieues est issue, à son corps défendant, d’une autre « racaille » ces millions de Maghrébins, de musulmans, d’Africains qui ont fait tous vos champs de bataille, ont partagé vos souffrances, vos tranchées, vos défaites et aussi vos gloires.



Au vu de vos inconduites, de votre ingratitude envers ces vaillants combattants, et de vos insultes fracassantes et récurrentes à l’endroit de l’immigration, je serais naturellement tenté de vous classer dans la seule rubrique de ceux qui semblent vous inspirer ; la racaille brune ; celle qui hait les Arabes, les Juifs et les Noirs Une seule raison m’interdit de le faire ; votre rang. De même, votre descendance juive par la mère aurait dû vous porter à mieux comprendre les souffrances humaines, celles des migrants, des exilés et des expatriés au lieu de prendre fait et cause systématiquement pour les bandits sionistes.

Pourquoi ne pas entendre et rejoindre ces juifs français de cœur et d’esprit qui soutiennent et défendent leurs frères émigrés ? Parce que vous aussi, Monsieur Sarkozy, vous êtes un expatrié, un migrant et un exilé, de père légionnaire et de maman juive tout autant expatriée.

Ce ne sont ni des tares ni des motifs de haine et de rejet de l’autre surtout quand cet autre, l’immigré, avec moins de réussite, partage en mieux votre histoire et vous ressemble. Monsieur Sarkozy, on n’échappe pas à son passé, à son histoire, en crachant sur tout ce qui vous ressemble, sur tout ce qui n’est pas suffisamment et correctement français. Sinon, que veut dire cette terrible boutade que même Le Pen n’a pas (encore) prononcée « aimez la France ou quittez- la ! » A qui s’adresse cette sentence aux relents odieusement racistes ? Aux Français de souche comme ne l’est pas M. Sarkozy ? Non. Aux Européens de l’UE vivant en France ? Non.

Dans l’entendement du président français alors ministre français de l’Intérieur, la menace s’adresse seulement et exclusivement aux Français d’origine maghrébine, arabe, islamique et africaine. A vos yeux, Monsieur le Ministre, pour aimer la France, les Français de cette mauvaise origine, de cette mauvaise naissance diriez-vous, la racaille donc, selon vos propres dires, se doit d’être sage et soumise: n’envahissez pas le Stade de France pour dire votre mal-vie, ne brûlez pas les banlieues pour crier vos douleurs, vos misères, votre profonde solitude par l’exclusion organisée, ne manifestez pas vos colères contre le gouvernement de la France. Si vous le faites, c’est que vous n’aimez pas la France donc quittez la France. A-t-on dit cela aux révoltés de mai 68 ? Aux anti CPE ? Aux altermondialistes ? A José Bové ? Aux manifestants gay ? Dit-on à ces manifestants, à ces révoltés de quitter la France parce qu’ils ne l’aiment pas ?

Les jeunes de banlieues aiment la France, c’est leur pays, mais ils n’aiment pas les gouvernements de cette même France qui les confinent dans des ghettos, dans la malvie, dans la non-vie ; si vous dites aïe, j’ai mal, j’ai très mal, c’est que vous n’aimez pas la France, alors quittez-la, dites-vous Monsieur Sarkozy. Est-ce vraiment le meilleur moyen d’intégrer, de rassurer, de gagner ces jeunes que votre système a exclus ? Est-ce le meilleur moyen de rendre service à cette France que vous croyez servir et aimer, Monsieur le Ministre ? Ces pratiques, par leur lecture profondément raciste, sont attentatoires à l’honneur et à l’image de la France, à cette France supposée laïque et républicaine.

Monsieur Sarkozy, votre dernière loi sur l’immigration est à la fois choquante et amusante: Amusante: il y a quelques petits siècles, vos pairs choisissaient leurs émigrés, esclaves compris, selon des normes très proches de votre définition mise à jour de la racaille: analphabètes, costauds, forts et musclés, courageux, baroudeurs et combatifs. A l’époque, cette « racaille humaine », Monsieur Sarkozy, transformée par vos négriers et divers employeurs en bêtes de somme, en chair à canon, en harkis, en manœuvres et en divers OS, en main-d’œuvre bon marché qui a reconstruit à bas prix vos pays ravagés par vos seules et sales guerres, cette « racaille-là », dis-je, avait fait la prospérité et le bonheur de votre pays, la France.

Pendant des siècles, cette immigration, esclaves compris, était la plus prisée, la plus recherchée, la plus aimée, parce qu’elle faisait vos guerres en mourant pour vous, sans gloire et sans pleurs, qu’elle transpirait dans vos chantiers sans protester, qu’elle souffrait la misère et la faim sans crier, sans haine, qu’elle acceptait son exclusion sans manifester et sans brûler les symboles de son aliénation, de son humiliation. Cette « racaille-là », Monsieur le Ministre, a fait des petits ; ils sont dans vos banlieues. Ils ne veulent pas, ne veulent plus subir le sort dégradant de leurs parents, de leurs aïeux. Ils veulent exister, travailler, chanter, aimer ; seulement cela, parce qu’ils aiment la France.

Votre loi est choquante parce qu’elle introduit, encore une fois, des normes racistes et élitistes. Cette même logique raciste qui portait naguère vos pairs et vos systèmes à choisir, sélectionner vos migrants sur les seules valeurs marchandes de leur viande et de leurs muscles, les porte tout naturellement maintenant à les choisir sur son parfait contraire ; sur leurs performances intellectuelles, culturelles, techniques et scientifiques.

Ce qui veut dire, en termes simples, que la France actuelle, celle de M. Sarkozy, le fils du migrant légionnaire hongrois, n’acceptera plus en France la racaille de la viande et des muscles, cette même racaille qui a sauvé la France à Verdun et à Monté Cassino ; ce glissement moral qui renseigne parfaitement sur l’amoralité de ses auteurs nous paraît, ici en terre d’Algérie, assez indécent et très choquant, Monsieur le Ministre ; vous en conviendrez, je l’espère.

Et, plus grave encore, cette loi va tout naturellement pousser les cadres et élites du tiers-monde, africaines en particulier, à s’expatrier massivement pour venir enrichir la France des têtes, de l’immigration choisie pas subie ; le haut du panier ; on choisit les hommes comme on choisit ses patates ; du vrai racisme exprimé en loi et bien votée par une droite négrière et poujadiste à l’excès.

Quand vous déclarez les cadres et élites africains éligibles à l’émigration par opposition à l’autre émigration dont vous ne voulez plus, la racaille subie dites-vous souvent avec insistance, quel but visez-vous ? Appauvrir encore et toujours l’Afrique ou enrichir la France ? J’affirme ici que, par cette loi, vous allez encore appauvrir l’Afrique sans enrichir la France. Parce que ces nouveaux migrants cultivés et en phase avec les nouveaux besoins de la France, rejoindront vite, très vite, les banlieues dans lesquelles elles seront obligatoirement casées.

Est-il normal, moral, vous alors que vous étiez le prétendant au poste le plus élevé de France, président de la République, que vous appeliez, selon une procédure insidieuse et dangereuse, les derniers cadres africains à quitter leur pays pour venir s’installer en France. Hier vous aviez vidé l’Afrique de ses bras pour en faire des esclaves, aujourd’hui vous voulez la vider des rares élites pensantes qui lui restent ; c’est un autre crime qu’aucune loi ne saurait punir ici ou ailleurs. Que faites-vous Monsieur le Ministre de l’Intérieur contre ce racisme verbal ordinaire et banalisé par votre presse ? Pourquoi rappelle-t-on toujours l’origine étrangère d’un citoyen français d’origine maghrébine ou africaine.

Pourtant, plus de 50 % de la population française est d’origine latine autre que française (espagnole, italienne, portugaise). On n’entend et ne lit jamais dans votre presse « le Franco-Espagnol, le Franco-Italien, le Franco- Portugais, ou le Franco- Hongrois », jamais. Par contre, quand il s’agit d’actes répréhensibles commis par des citoyens français d’origine ...maghrébine on n’oublie rarement, dans la presse surtout, de rappeler l’origine étrangère du délinquant français. Dernier exemple en date, le Français Moussaoui est systématiquement qualifié de franco- marocain.

Par contre, quand d’autres Français de mêmes origines réalisent des prouesses et forcent l’admiration, alors, là, on insiste pour rappeler qu’ils sont français et seulement français, le Français Zidane, la Française Leila Picard, le Français Djamal Bourras, le Français Noah, etc., etc. si un jour Zizou fait une incartade que je ne souhaite pas, soyez certain Monsieur le président, votre presse parlera du Franco- Algérien Zidane.

Cette discrimination terminologique au quotidien crée dans ces communautés des sentiments de frustration et de rejet. Vous conviendrez que cette France-là, raciste dans son ordinaire, ne soit pas aimée. Pour autant, faudra-t-il la quitter comme vous les y invitez ? Assurément non, Monsieur le président, puisque ces gens-là aiment à en mourir une autre France qui n’est pas, ne peut pas être la vôtre.

Ils aiment la France de l’Abbé Pierre, d’Henri Alleg, de Jeanson, de Garaudy, de Ferrat, de José Bové, de Bernard Thibault, de Marie-George Buffet, de Ségolène Royal, de Renaud, de Lang, de Martine Aubry, de Danielle Mitterrand, de Roger Hanin et de milliers d’autres Français de cœur, de talent et d’esprit qui sont la vraie France, la France des tolérances, la France des solidarités et des amours vraies, cette France-là est bien aimée par la « racaille ».

S’il vous plaît, Monsieur le président, ne parlez plus des bienfaits de la colonisation. Au mieux fermez-la (la parenthèse coloniale). quelques petits extraits d’auteurs français (Lounis Aggoun et Jean Baptiste Rivoire sur les « bienfaits » de la colonisation en Algérie et, en particulier, les comportements de la légion étrangère que vous semblez si bien connaître sont édifiants sur les méfaits de l’armée française en Algérie.


Pour ce motif, Monsieur Sarkozy, à partir de dorénavant, ayez la décence de prononcer secrètement et distinctement ces deux syllabes « PAR DON ». Pour finir, je vous livre, Monsieur le Président, une opinion du réalisateur Mathieu Kassovitz: « Comme Bush, Nicolas Sarkozy ne défend pas un idéal, il répond aux peurs qu’il instille lui-même dans la tête des gens (...). Il sera impossible demain de dire que nous n’étions pas au courant (...) »
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
27 février 2008, 19:44
Mirtcho.
Merci d'apporter plus d'opinions et de clarté dans une guerre que j'ai vécue du début à la fin.
Aussi, il est facile de copier et coller un article. Vous auriez pu ajouter la source, ainsi que vos commentaires. Car non seulement il est ardu et long de le lire, mais il est bon d'avoir des détails concernant l'auteur et ses sources d'informations.
Sinon on pourrait croire que vous en êtes l'auteur.

En ce ce qui concerne: "
Alger - Enfin, grâce à l’article 4 de la loi du 23 février 2005 où il est écrit que les programmes scolaires reconnaissent"
J'ai pu trouver:
[etudescoloniales.canalblog.com]

Au sujet de:

"Le bougnoule (par René Naba)

A l’assaut des tranchées adverses, ployant sous un déluge d’obus, suffoquant sous l’effet des gaz mortels sur les champs"

J'ai pu trouver:
[www.voltairenet.org]

La guerre d'Algérie a sûrement de gros volumes publiés, et aussi en instance de publication.

N'hésitez pas à nous faire savoir surtout de ces derniers, dans la forme présentée en ce post. Pour les parties interessées, il est plus simple et rapide de visionner tout le contenu des articles, sans manquer les commentaires des lecteurs, et que vs avez omis.
Re: lettre d'un professeur agrégé à Bouteflika
28 février 2008, 00:51
je ne suis l'auteur d'aucun de ces commentaires.

je n'ai fait que repondre au medecin par des gens plus competents que moi.

la lettre ouverte à sarkozy est de mohamed abassa, un ami, qui est directeur de l'institut du meme nom.

bien respectueusement

mirtcho
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