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La derja

Envoyé par osiris 
Re: La derja
18 novembre 2007, 14:16
azzul fellawène messelkhir 3alikoum yalahbab.

baba rabbi yerahmou (mon père,paix à son ame) kane bahri (etait marin).
kane ihezzème elmaherma(il nouait autour de sa taille un grand foulard) wi rouh lessouk.
ki iwelli ladar(quant il revenait à la maison) elmaherma tkoune m3amra belkoudyane.
ma mère garde toujours ce grand foulard en tissu à carreaux noirs et blancs.

qui se souvient de ce "couffin" assez spécial?
Re: La derja
19 novembre 2007, 13:51
Bonsoir,
j'ai bien connu cette époque où encore beaucoup de gens étaient ceints de la maherma. Surtout les dockers qui s'en servaient comme gaine autour des reins pour mieux supporter les charges, et les gens de mer, El-bahria (les marins-pêcheurs) qui optaient de plus en plus pour le bleu de chine (ou Shanghai) qu'on retrouve un peu partout dans le bassin méditerranéen, et à mesure que nos vieux partaient, on ne voyait plus ces rezmat (ballots) pleins de légumes et fruits qu'on portait sur le dos en rentrant chez soi. Il en est ainsi du seroual qu'ils portaient et que personne n'oserait mettre aujourd'hui à Alger, pas même les Mozabites. Tout se perd...
Je déplore surtout que la derdja n'aie pas connu l'affluence que j'en espérais. La derdja ne concerne pas que le parler algérois et j'aurais été si intéressé de connaître des mots ou expressions typiques de Guelma, de Mostghanem, de Kenadsa, de Tiaret, de Sedrata, d'El-Kseur, de Jijel (dont on n'a curieusement aucun intervenant) ou Skikda.
Nous aurions eu alors, presque en jouant, trouvé des sources diverses ou communes aux mots que nous employons chaque jour à quelques dizaines de kms les uns des autres, et qui nous rendent presque ridicules quand nous les employons. Les mots en hébreu, qui ne sont pas si rares qu'on pourrait le penser, auraient été les bienvenus également. Hélàs!
Ibrahim-Sid'Ali.
Re: La derja
19 novembre 2007, 14:39
Bonsoir chers amis

Je suis ravi que le cercle des amateurs de la derja s'élargi.
A propos du parlé des autres régions, j'ai des amis de l'est qui appellent le chou fleur "broklo" qui vient surement de brocoli qui est un chou originaire d'Italie, dont on consomme les fleurs vertes en bouquet.
Pour en venir au parlé algérois,ces derniers jours mon épouse (qui est tatillonne pour la derja) a demandé à un jeune commerçant combien coutait le "qamroune" qui n'est autre que la crevette qui, hélas, aujourd'hui n'est pas à la portée de toutes les bourses, d'ailleurs ce n'est pas pour rien que l'on parle de crevette "ROYALE" sans doute pour justifier son prix.

Pour nos amis, personnellement, je suis né à Kouba, exactement dans le quartier de l'Oasis au 20 rue Batty, mes aïeux habitaient la casbah à l'arrivée des colons. Ils l'ont quittée au début du siècle dernier, comme beaucoup de familles qui se sont installées en dehors de la casbah. Mon père est né à Belcourt, à la rue des jasmins, une rue parallèle à l'allée des muriers, quant à ma mère, elle est née à Saint Eugène. Ils ètaient nés, 'Allah yerhamhoum' il y a maintenant prés d'un siècle.
A propos de Belcourt, il me semble que Albert Camus y a passé une partie de son enfance, je pense qu'il habitait la rue Auguste Comte, aujourd'hui rue Necira Nounou, quelqu'un pourrait-il nous le confirmer?
Re: La derja
19 novembre 2007, 19:52
Azul Fallaween, Salam Alikoum. Chalom Alékhem,

Chers amis,

En plus des phrases et mots Hébreu, Français et Derja cités au début, en voici quelques autres qui me passent par l'esprit:

Reb(v)ah: gagner: Rebh

Rouah: vent: Rih

Chemech : Soleil: Semch

Tirgoum: traduire. Terjem

Yadd: main: Yedd

Yihoudi: Juif: Yhoudi

Qadimah: avancer: Gueddem

Hecheb(v): calcul: Hsab

Ham: chaud: Hami

Tahour: Purifier. Thour (circoncision)

Binyane: construction: Benyane

Heb(v)el: corde: Hbel

Chekett: Silence.: Skett

Voilà, on continuera...

Grâce à l'Internet, nous avons tous le pouvoir d'étaler toutes choses vraies ou fausses en place. Avant ce pouvoir n'appartenait qu'aux dictateurs, aux mécréants, et aux élus.
A nous de juger à présent!

Dernièrement, je discutais en vidéo avec une jeune internaute, prof de maths en Algérie. Elle n'avait aucune idée que l'Hébreu et l'Arabe étaient des langues soeurs. Elle n'avait aussi aucune idée que le Coran qu'elle connaissait à fond avait ses bases divines dans la Torah. Elle en fut très surprise! Et surtout, quand je lui citai donc des mots et phrases en Hébreu qu'elle comprenait facilement..smiling smiley.
Elle décida donc d'apprendre cette langue d'elle même, et sans le lui suggérer du tout!
Re: La derja
20 novembre 2007, 01:40
A propos de Belcourt, il me semble que Albert Camus y a passé une partie de son enfance, je pense qu'il habitait la rue Auguste Comte, aujourd'hui rue Necira Nounou, quelqu'un pourrait-il nous le confirmer?[/quote]

voici un site qui parle de lui

[www.ac-strasbourg.fr]

Corine
Re: La derja
20 novembre 2007, 03:31
Bonjour Osiris et tous nos amis,
oui, peu de gens disent aujourd'hui qamroune, comme n'tchouba(anchois) ou mernouz (merlan). Quant à la royale, c'est une variété de crevette rose, grosse et charnue.
Camus n'est pas né au Bd Auguste Comte (auhourd'hui, Necira Nounou, mais rue de Lyon (Belouizdad) entre, je pense, les cinémas Musset et Roxy, je crois retenir que c'était au 93 de la rue de Lyon, mais pas de certitude.
J'ai moi-même habité le Bd Auguste Comte de 69 à 83 (où ma mère vit toujours) pour aller ensuite à Kouba (rue Gallieni, près du central téléphonique) jusqu'en 96 où je me suis établi en France. En fait, je suis né rue Médée, puis nous avons habité Bab-El-Oued en 63, puis Belcourt, et ensuite Kouba, avec un petit intermède à Notre-Dame d'Afrique de 56 à 57.
Je connais bien la rue des jasmins et l'allée des mûriers, mon oncle avait un atelier de réparation de machines à coudre près de la synagoque de la rue Martin Seror.
Finalement, on se rend compte qu'Alger n'est pas si grand.
Merci de ces souvenirs.
Ibrahim-Sid'Ali.
Re: La derja
20 novembre 2007, 04:23
Bonjour ibrahim et tous nos amis

Albert Camus est né à Mondovi aujourd'hui Dréan, mais il a passé une partie de son enfance. A propos de sa maison natale, aux dernières nouvelles elle est encore debout... pas pour lontemps je crains.

Mon grand père paternel puis mon oncle tenaient une èpicerie fine à la rue de Lyon, entre la rue des jasmins et l'allée des mûriers, à l'angle de cette rue il y avait une pharmacie et faisaient partie du petit immeuble qui était la propriété de mon grand père qui hélas je n'ai pas connu, Allah yerahmou, je pense, ibrahim, que çà doit vous faire plaisir de sentir "rihat elbled" (littéralement "les senteurs du pays"winking smiley sans jeu de mots prés de la rue des jasmins.

A+
Osiris
Re: La derja
20 novembre 2007, 05:26
Je connais bien la rue des jasmins et l'allée des mûriers, mon oncle avait un atelier de réparation de machines à coudre près de la synagoque de la rue Martin Seror.
Finalement, on se rend compte qu'Alger n'est pas si grand.


c'est vrai Ibrahim quand j'y suis allée ça m'avait étonné je voyais ça très grand et finalement j'ai eu vite fait de faire le tour, quand je suis allée à beo c'était plus grand dans mon souvenir mais il est évident que je n'étais qu'une ado,
Re: La derja
20 novembre 2007, 09:00
Bonsoir Osiris, ainsi que tout le monde,
il est vrai que Camus est né près de la frontière algéro-tunisienne vers Annaba et qu'il est venu enfant à Belcourt. Il ne connaissait, finalement, qu'Alger qu'il adorait et ses environs comme Tipaza qu'il décrit avec beaucoup de saveur.
Je crois bien que la pharmacie est toujours là, en tout cas elle y était jusqu'à mon départ. Il y avait à côté un restaurant très fréquenté tenu par un jijeli qui était, Allah yerrahmou, notre voisin dans l'immeuble de la rue A. Comte.
La Rose d'or, une boutique de prêt à porter et d'articles de toilettes féminins n'était pas loin, non plus, et appartenait à des mozabites (que j'eus à les connaître plus intimement plus tard).
Vous avez bien raison, Osiris, cela fait du bien de re-sentir l'air du pays au travers des souvenirs. Je ne vous cacherai pas que ce qui me manque le plus c'est une bonne t'beïkha, mais les rares fois où j'ai remis les pieds chez ma mère c'était en été, et donc pas la saison. Ou alors une bonne grillade de sardines comme on en faisait lors de nos sorties de pêche à la ligne du côté de Tipaza, justement, que j'adore.
Merci pour tout ça, Osiris, et aussi pour la betterave. Il y en a sûrement d'autres que j'aurais à apprendre de vous.
Amitiés.
Ibrahim-Sid'Ali.
Re: La derja
20 novembre 2007, 09:24
Quand on est enfant tout nous paraît démesuré, y compris les adultes. J'ai ressenti ça en revoyant notre maison de Notre-Dame d'Afrique que j'avais quittée à six ans et dont j'avais gardé un souvenir très précis, mais qui m'a surpris en y retournant en 2003 avec mon cadet par la modestie de la taille, l'étroitesse de la rue, un jardin que j'imaginais abritant des bêtes féroces se révélait en fait constitué de quelques figuiers avec des lierres et des plantes grimpantes.
Les personnes qui m'entouraient, enfant dans la Casbah, me semblaient immenses, fortes, pouvant tout faire. Je les ai revues quelques petites années après (je suis toujours retourné assez fréquemment revoir notre maison où il restait d'anciens voisins), et j'étais aussi grand sinon plus grand que certaines d'entre elles. C'est effrayant! Désolant, même, je préférerais encore ma vision du monde de l'époque où les adultes étaient tous bien intentionnés, puissants-protecteurs, un peu à l'image des parents.
Il ne fallait pas grandir, Corine, mais maintenant que c'est fait, il serait bon de bien être conscient de l'image qu'ont de nous les enfants aujourd'hui.
Amitiés.
Ibrahim-Sid'Ali.
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