Quand j'étais p'tit à Bab el Oued En arabe la porte de l’oued, ce faubourg populaire d’Alger doit son nom à un oued qui a été recouvert et qui se trouvait jadis avenue de la Bouzareha.( bou = père, z’rhéa = graine)
Cette agglomération de 80 à 100 000 habitants essentiellement issus de la classe ouvrière était composée de juifs, de maltais, presque toujours commerçants ou prestataires de services, d’espagnols, d’italiens plutôt pauvres et d’arabes, les plus démunis.
On trouvait aussi des origines corses, alsaciennes et françaises, ainsi que de nombreux mozabites. Ainsi retrouvait on des mélanges de races dont ma famille ne fut pas épargnée avec des Pollet, des Bapcères, (origine basque), des Haro, des Pappalardo, et des Hafiz.
Plantée au pied de la carrière Jaubert qui allait donner à la ville d’Alger sa renommée d’Alger la Blanche, ce cantonnement de carriers qu’il fallait nourrir et pourvoir en fournitures de toutes sortes attira des commerçants juifs, maltais et mozabites.
Ensuite arrivèrent les pauvres pêcheurs italiens, principalement napolitains, des espagnoles et en dernier lieu les républicains espagnols qui acculés à la mer optèrent pour une salutaire traversé.
Avec bien souvent pour seuls bagages leurs coutumes et leurs traditions tout ce monde cosmopolite était heureux de redémarrer dans ce nouvel exil, une vie pleine de promesses. Ils avaient tous un but commun : Réussir.
A part son nom exotique, ce quartier n’avait rien d’oriental. De grands immeubles Napoléon III bâtis sur de larges avenues débouchant sur des esplanades et jardins en escaliers surplombaient des panoramas sur la mer à vous couper le souffle. En fond sur la plus haute des collines, sur fond de ciel azur, Notre Dame d’Afrique. En cent ans, ce qui fut un exploit pour l’époque, cet immense territoire rural devint un faubourg puis une véritable ville à la porte de la capitale, avec ses quartiers bourgeois pour les plus aisés, des quartiers plus simples pour les autres et enfin des cités nouvellement créées, genre HLM, pour les derniers arrivés. (HBM. habitations bon marché).
Loin des riches quartiers bourgeois de la capitale, ces faubouriens dépassaient rarement le quartier Nelson, qui finissait au lycée Bugeaud et qui était la frontière qui nous séparait de la ville d’Alger. Vivant en vase clos, presque ghetto et souvent raillés par les Algérois intra-muros, la société « babeloudienne » allait être dominée par l’influence espagnole du sud, mahonaise et italienne. Donnant naissance à un langage populaire, imagé et pittoresque, un nouveau style de folklore et un nouveau parlé immortalisé par le personnage de Cagaillous naîtra. Bien plus tard la famille Hernandez fera connaître cette exubérante société aux origines diverses et à l’incroyable culot d’afficher des sentiments pourtant sincères de leur francité;
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