C'est avec l'arrivée
des juifs d'Espagne que le judaïsme algérien connut un essor
intellectuel et spirituel, suivant le rituel séfarade : A Alger,
Itshak Barchechet Berfat et Simon Ben Duran ; à Oran, Amram Ben
Marouas Ephrati; à Constantine, Joseph Ben Menir et Maïmon Nadjar;
à Médéa, Sadia Darmon, à Tlemcen, Abraham Ben Hacoun et Ephraïm
Ankaoua; à Bougie, Benjamin Amar; à Honein, Moïse Gabaï. . . .
ALGER: Ce sont surtout Rabbi I.B. Barchechet Barfat (Ribach) et S.B.
Semah Duran (Rashbash) qui réorganisent la vie juive en Algérie.
Ribach (1328-1408) naît à Barcelone. Il étudie avec les grands maîtres
Perez HaCohen et Nissim Gérondi. Arrivé à Alger à la suite des
pogroms de 1391, ses ordonnances régleront (avec celles de Rashbash)
la vie civile et religieuse d'Alger. Rashbash (1361-1444) dont la
famille est originaire de Provence, fuit Majorque en 1391 et devient
dayan à Alger à la mort du Ribach. Jusqu'à la fin du 18° siècle
les descendants du Rashbash ont fourni des chefs spirituels à la
communauté d'Alger. Jules Ayache fut au 18° siècle la figure la
plus marquante des dayanim d'Alger. Excédé par les dirigeants laïcs
qui tentent d'influencer ses décisions juridiques au profit des intérêts
de leur négoce, il finira par s'installer à JERUSALEM. CONSTANTINE:
Au 14° siècle Rabbi J Ben Menir, à sa mort Rabbi Maïmon Nadjar
devient dayan de Constantine. Au 16° siècle Samuel Ibn Danan fut
l'un des 200 rabbins qui accordèrent la Smiha (ordination) à Rabbi
Yossef Karo. Au 18° siècle Messaoud Zerbib est l'auteur d'un ouvrage
érudit "Zéra Emeth" (Livourne 1715). TLEMCEN : Venant de
Tolède, rabbi Ephraïm Ankaoua (1359-1442) s'installe à Tlemcen,
dont il devient le chef spirituel; de nombreuses légendes content sa
grandeur et sa sainteté. Remarquons aussi Sadia Elie Chouraqui célèbre
rabbin et philosophe auteur d'un traité de mathématiques. Rabbi
Joseph Alashkar ( Er-kièsse ) : Expulsé d'Espagne en 1492 , il
s'installe à Tlemcen où il prend la tête d'une yéchiva. Des récits
légendaires sont associés à son nom. Cet illustre rabbin décéda
le vendredi à midi. Avant son dernier soupir, il ordonna à ses
disciples, dans un moment de lucidité, d'enfoncer un clou au mur de
la maison et de ne l'ôter qu'après ses funérailles. Tous se demandèrent
si le temps qui restait jusqu'au Chabbat suffirait pour l'inhumation.
Miracle! Tout se passe en plein jour; les funérailles terminées, on
retira le clou du mur; grande fut la surprise générale car la nuit
tomba d'un seul coup. On admit alors que le maître, par sa sainteté
avait arrêté le cours du soleil, comme l'avait fait Josué. Il
composa plusieurs manuels, dont le plus connu est le Tsaphnat Peaneah,
achevé en 1528. Ce livre constitue un vaste commentaire cabalistique
des six tomes de la Michna. Un soucis de sa part de concilier la
Kabale et le Talmud; recentrer la mystique juive dans ses racines
bibliques et talmudiques. ORAN: Rabbi E Ephrati , exilé d'Espagne après
les persécutions de 1391. Contemporain de Ribach et Rashbash, il échangea
avec eux des consultations rabbiniques. Vers la fin de sa vie il
s'installa à Grenade. Au 16° et 17° siècle, les familles d'origine
espagnole Sasportas et Cansino donnèrent des rabbins et des poètes
à la communauté d'Oran. On peut citer: Rabbi Messaoud Darmon, dayan
à Oran auteur d'un ouvrage sur le Talmud "gour Arié" édité
à Livourne en 1846; en 1855 Rabbi F Karsenty écrit un commentaire
sur le Yad de Rambam et qui fut imprimé à Livourne. En 1845 les
consistoires sont rattachés au consistoire central des Israélites de
France et d'Algérie. Le 20° siècle connut également de grandes
figures: Rabbi Sidi Fredj Halimi de Constantine ; Rabbi Itshak Morali
d'Alger; Rabbi Yakov Chouchena de Bône; Rabbi Rahamim Naouri de Bône
(bien connu de tous les juifs de Paris); Rabbi Haïm Bliah de Tlemcen;
Rabbi Itshak Draï de Sétif. Sans oublier (Manitou) Yehouda Askenasi.
A partir des années 50, le séminaire Israélite de France
accueillera de plus en plus d'élèves rabbin originaires d'Algérie.
Ils ont beaucoup contribué à développer et à consolider le Judaïsme
en France.
Communautes
d'hier |