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Henri Alleg el la mémoire algérienne

Envoyé par Abderezak 
Henri Alleg el la mémoire algérienne
24 février 2008, 03:47
Mémoire algérienne, d’Henri Alleg
Souvenirs d’un rêve brisé

Par Ahmed Kaci

En embarquant vers Alger avec en tête l’«american dream », Henri Alleg, qui deviendra Rougi (le rouquin) pour ses potes algérois, ne pensait pas un instant qu’il allait succomber au charme de cette ville et y passer une grande partie de sa vie. Il venait d’avoir 18 ans quand il débarque au printemps 1940 à Alger, laissant tomber ses études à la Sorbonne. A Alger, et puis au fur et à mesure de ses voyages dans le pays profond, le Parisien découvre l’étendue de l’hypocrisie coloniale et l’effroyable misère où sont plongés les Algériens, ou plutôt les « trois départements français ». Un pays livré à l’arriération et au bon plaisir des gros colons, des bachagha et des caïds.

Très tôt, Henri Alleg nouera des liens étroits avec des militants communistes et des nationalistes algériens. Son nom se confondra avec la lutte du peuple algérien pour son indépendance. A la tête depuis 1951 du quotidien Alger Républicain, Henri Alleg s’attellera avec ses camarades, Boualem Khalfa, Kateb Yacine, Benzine et à travers enquêtes et reportages, à une dénonciation systématique et radicale du système colonial qu’il considère à juste titre comme un crime contre l’humanité. Alger Républicain deviendra le porte-voix de la masse des opprimés et des aspirations populaires de liberté, de justice et d’égalité. Mais surtout le canal du rassemblement de tous les progressistes de quelque origine soient-ils. Sa grande popularité lui vaudra des inimitiés aussi bien de l’administration coloniale que de certains nationalistes algériens sectaires et anti-communistes.

En septembre 1955, une année presque après le déclenchement de la Guerre de libération, l’administration interdira le journal. Alger Rep était d’ailleurs l’un des rares à décrypter correctement les événements et le ras-le-bol des Algériens notamment après les massacres du constantinois en 1947.

Le 12 juin 1957, Alleg sera arrêté et subira la torture de la 10 DP (division parachutiste) de Bigeard. Du bagne de Barberousse (actuelle Serkadji), Henri Alleg réussit à livrer un témoignage capital sur les exactions des militaires et de la police coloniale en Algérie (torture systématique et exécution sommaire). Son livre la question, publié par Jérôme Lindon aux Editions de Minuit, qui sera interdit en France, va hâter le retournement de l’opinion et la fin de la guerre. En 1961, Alleg réussit à s’évader de prison après qu’il eut été transféré de Barberousse à Rennes en France dont les conditions de vie n’ont rien de comparables. A l’indépendance, il s’installera sur les hauteurs d’Alger avec sa femme Gilberte et relancera Alger républicain en dépit de l’hostilité affichée par les nouveaux maîtres du pays. Ces derniers finiront par interdire le journal après avoir interdit le parti communiste algérien (PCA). Les nouvelles autorités se révéleront aussi corrompues que l’administration coloniale à laquelle elle emprunteront presque toutes les méthodes. Cela, les communistes algériens ainsi que le PCF ne le percevront que tardivement.

Sur cette question, Alleg reconnaît que les communistes ont commis bien des erreurs, notamment en votant des pouvoir spéciaux à Guy Mollet. Ils n’ont toujours pas perçu le désir des Algériens à l’indépendance. Une erreur que reproduiront les communistes à la lumière de ce qui s’est passé en Algérie depuis 1992. Henri Alleg lui-même ne semble pas échapper à l’influence de certains représentants de cette « société civile » algérienne qui a soutenu le coup d’Etat de janvier 1992.

Mémoire algérienne est plus qu’un récit autobiographique. C’est sans doute l’un des témoignages les plus poignants et les plus sincères sur cette période de l’histoire de l’Algérie et de la France. Henri Alleg n’essaye à aucun moment de prêcher pour une quelconque chapelle. Son témoignage, construit sur des faits anodins et des anecdotes, est une analyse exceptionnelle du système colonial, de la période vichyste, des exactions de l’OAS dont l’horreur a particulièrement forcé la population européenne à quitter l’Algérie, privant ainsi le pays d’une partie importante de son vif potentiel. Avec ce livre, Henri Alleg apporte aussi un démenti à tous ceux qui, mus par un anti-communisme infantile, ont tenté de réduire le rôle des communistes dans la bataille pour l’indépendance et qui ont tout fait pour sortir de la mémoire Henri Maillot, les animateurs du réseau Jeanson, Daniel Timsit ainsi que des centaines d’anonymes dont beaucoup subiront la torture, le bagne et la guillotine, le châtiment suprême.
Re: Henri Alleg el la mémoire algérienne
24 février 2008, 08:37
Merci!
C'était bien MONSIEUR Henri Alleg qui avait raison, et il n'y a pire sourd...
Merci encore.
Ibrahim-Sid'Ali.
Re: Henri Alleg el la mémoire algérienne
24 février 2008, 09:03
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent Henri Alleg n'est pas un juif d'origine algérienne mais issu d'une famille juive polonaise qui a immigré en Angleterre puis en France.
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