En évoquant À demi-mot une normalisation
Israël présente ses condoléances à l’Algérie !
Par : Djilali Benyou
Inédit dans l’histoire des relations internationales, surtout entre deux pays qui ne se sont jamais rencontrés. En effet, l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies a présenté ses condoléances à l’Algérie après le double attentat d’Alger du 11 décembre.
Dan Gillerman a exprimé sa compassion avec l’Algérie “par humanité” même si l’Algérie n’a pas de relations avec son pays. Et d’ailleurs remet-il implicitement sur le tapis le dossier de la normalisation en rappelant que l’Algérie, contrairement au Maroc et à la Tunisie, n’a jamais fait un pas dans ce sens. Ce qui sous-tend une invitation à un rapprochement. Souhait souvent exprimé par Israël et qu’Alger conditionne par le règlement de la question palestinienne. L’État hébreu s’étonne souvent que l’Algérie maintienne ses conditions au moment où plusieurs pays de la zone Moyen-Orient ont normalisé leurs relations avec lui ou tout au moins développé des échanges commerciaux.
Les deux pays font partie des différents ensembles régionaux qu’ils soient politiques, militaires, commerciaux ou forums Otan, Union européenne, union méditerranéenne en construction… mais chacun des deux pays campe sur ses positions de principe. Et Israël de changer de stratégie en mettant en avant le nouveau dénominateur commun : la lutte contre le terrorisme international. Sans le dire, diplomatiquement, M. Gillerman classe l’Algérie dans la catégorie des pays qui luttent contre le terrorisme international, un pays cible, ce qui appelle à une autre vision de la part de la communauté internationale, d’autant plus qu’il a signé les condoléances au siège des Nations-unies. Quand bien même la stratégie d’Israël tendrait à infléchir ou assouplir la position algérienne par rapport à la cause palestinienne et, partant, aller vers une normalisation, elle induira indubitablement un recentrage de la position de certains pays sceptiques, doutant de l’Algérie, du terrorisme qui la frappe depuis plus d’une décennie. Une retombée positive.
Paradoxalement, le diplomate israélien n’a fait aucune référence à la récente polémique provoquée par les propos du ministre des Moudjahidine et le président de l’ONM à propos du lobby juif. Par précaution peut-être, mais cette omission laisse transparaître la prudence que dicte une volonté de différencier entre une entité et un État. En effet, c’est toute la différence, même si l’écart ne tient qu’à un fil, entre l’État d’Israël et le lobby juif. La suggestion en filigrane est soutenue par les exemples du Maroc et de la Tunisie donnés qui visent à inciter davantage Alger à de la souplesse et à les suivre.
En fait, l’invitation israélienne date depuis longtemps, et elle revient à un moment difficile à travers un geste fort et inédit. Un geste qui semble inaugurer un autre pas en avant de la part d’Israël qui attend une réponse d’Alger. C’est également, indirectement, un geste de soutien au combat de l’Algérie contre le terrorisme.
Pour autant, est-ce suffisant pour enclencher un processus de rapprochement pour aboutir à la normalisation, pour pousser l’Algérie à renoncer à ses conditions ? Quelle en sera d’ailleurs la contrepartie ? Et la persistance de la colonisation en Palestine n’est pas faite pour encourager le processus tant attendu. De la paix dans la région dépend entre autres la normalisation d’autant qu’Israël qualifie le combat des Palestiniens pour la libération de terrorisme. Ce que réfute Alger en mettant toujours en avant le droit des peuples à l’autodétermination et à l’indépendance.
Djilali B.