Zlabia.com Le Rendez-vous des Juifs d'Algerie





ALGÉRIE D ANTAN

Envoyé par ALGER rue blanche 
ALGÉRIE D ANTAN
02 février 2011, 22:40
bonjour a vous tous,

Je m’appelle Karim, je souhaite avoir des témoignages des juifs d'Algérie ... Comment viviez vous ?

Moi j'ai connu un Monsieur récemment qui habitait notre immeuble, juif de Ghardaia, un Monsieur, paix a son âme, admirable en tout point, je lui ai offert une rose de sable. pour lui montrer que nous sommes algériens tous les deux... c'était la seule manière pour moi de le lui dire, d'aller le voir et de lui donner un peu de cet Algérie de maintenant, il avait tellement envie de revoir l'Algérie une dernière fois.

Mes grands parents m'ont si souvent parlé de cette entente formidable qu'il y avait entre nous.

Je crois dire, que les juifs algériens sont différents, et qu'il se sente comme moi algérien avant d'être musulman ou juif...

Voilà, avoir une discussion sur ce thème serait enrichissant.

Et dire a George que je lis souvent sur ce forum, qu'il y a encore des juifs en Algérie et personne ne les touches même dans les pires années 90. Il y en a Oran, Alger, Bejaia et Constantine, ils sont Algériens comme moi.

Merci
Re: ALGÉRIE D ANTAN
26 mai 2011, 16:19
Bonsoir mes amis,

Ma grand-mère,mon grand père,ma mère,mon père et même ma grande soeur, tous racontent, avec passion et souvent, comment ils cohabitaient jadis avec les juifs là où nous sommes nés, la rue marengo à la basse casbah et connue communément sous l'appellation de djamâa lihoud. Ils disaient toujours que c'était une entente et une complicité sans commune mesure.
D'ailleurs,pour n'en cité qu'une, mon père avait un ami juif commerçant qui vendait des chachia stamboul ou tarbouche, si vous préférez,situé à la rue de la lyre.Il disait que sa tenue vestimentaire purement algéroise, composée d'un seroual arabe, d'une aâbaia, d'un hzam alterac entourant sa taille fait en tissu qui peut servir aussi, si besoin est, comme un filet pour mettre ses convives, et bien évidement d'une chachia stamboul.
La prochaine fois, je vous dirai comment il s'est comporté quand un algérien de connaissance lui a demandé de lui prêter de l'argent.

Salut mes amis et à bientôt.
Re: ALGÉRIE D ANTAN
27 mai 2011, 10:28
Bonsoir, Salam, Shalom!

Bien chers amis zlabistes, c'est avec joie que notre forum s'enrichit de la présence de Mustapha388, un Casbadji, qui comme beaucoup d'entre vous est passionnément amoureux de sa ville et de l'Algérie!
Bien cher Mustapha, Marhaba bik, bienvenu à toi mon ami parmi nous!J'attends avec impatience la suite de ton récit!
Re: ALGÉRIE D ANTAN
27 mai 2011, 14:59
Bonsoir mes amis,

Avant de raconter L'histoire, je dirais en préambule que tout Algérien de l'époque savait qu'il existait une étroite collaboration dans le commerce, entre Algériens et juifs, tout sexe confondu.

Cette collaboration de confiance réciproque a permis aux deux communautés d'approfondir et même faire abstraction du concept religieux des uns et des autres,jusqu'à arriver à se rendre, en famille, visite mutuelle et s'inviter autour d'un repas comme Algériens et juifs savent le faire.

Quand à l'histoire, un jour en présence de mon père qui rendait visite presque toujours, au retour du travail, à son ami juif commerçant de chachia à la rue de la lyre, a assisté à la scène suivante: un Algérien journalier connaissant bien le commerçant juif a demandé à ce dernier de lui prêter une somme d'argent pour financer une affaire et lui rendre son argent dans un délais ne dépassant pas une semaine.Pour l'encourager dans cette entreprise le commerçant accepte de lui remettre l'argent en insistant sur les délais convenus.Une semaine dépassée, comme par hasard mon père était présent ce jour là, quand l'emprunteur est revenu en s'excusant poliment auprès du commerçant juif du retard.Mais, au lieu de rembourser l'argent, il lui demanda de lui remettre une autre somme parce qu'il a trouvé une autre affaire.En réponse, le commerçant lui dit gentillement et avec une froideur telle, il n'y a pas de problème, laissant perplexe mon père. Il lui ouvrit un tiroir caisse d'une petite table et lui demanda de prendre l'argent.En mettant la main dans le tiroir l'Algérien lui dit il n'y a point d'argent. De répliquer, le commerçant lui dit si tu avais rendu l'argent que je t'ai prêter, aujourd'hui tu le trouveras.

A plus tard mes amis pour une autre histoire racontée cette fois-ci par ma grand-mère.

salut.
Re: ALGÉRIE D ANTAN
29 mai 2011, 13:00
Belle hisoire Mustapha,

En voilà une autre...

Mon père tenait un petit étal au marché de l'Agha. Tous s'entendaient à merveille, Juifs et Musulmans, buvaient le thé sucré avec na3na ensemble. Ils riaient et s'amusaient avec des blagues.
J aidais mon père durant les week ends et les jours fériés de l'école.
J'ai écrit cela déjà d'ailleurs, on apprenait déjà à lire et à écrire l'Arabe, et celà était un honneur pour tous autour du marché.
Bref, un voisin Musulman Mouloud,demanda un prêt à mon père de 6.000 Francs pour payer les frais de docteur et d'hôpital pour sa femme gravement malade. En ce temps là, rien n'était gratuit, et pas de sécurité sociale.

Mon père n'avait que 3.000 Francs, pas plus, et il les lui remit.
Moi, j'avais économisé aussi 3.000 Fr., et donc j'ouvre mon porte monnaie, j'avais 14 ans, et les lui remis aussi.

Si tu avais vu le visage grave de Mouloud qui tournait tout a coup en larmes, et les remerciements qui s'ensuivirent, tu n'y croirais jamais tes yeux.

Et bien sûr qu'il remboursa plus tard quand il pu, avec honneur et joie.
Chaque fois qu'il me voyait, il me prenait par l'épaule avec affection et m'offrait toujours ce qu'il pouvait, ou avait sous la main. Et puis, fier, assis sur une caisse de marchandise, il me perfectionnait et corrigeait la lecture de la langue Arabe, qui est toujours restée d'ailleurs, jusqu'à nos jours. Et je devins ainsi un des 1ers à l'école
Je suis sûr, et je lisais celà dans ses yeux, à ce point qu'il aurait risqué sa vie pour moi.
Pourrait on voir celà aujourd'hui, une fois parti, j'en doute! A part pour les amis d'enfance, je préciserai!

De bons souvenirs aussi, on on a plein! Ya hesra!

Abraham
Re: ALGÉRIE D ANTAN
29 mai 2011, 14:23
Cher ami abraham,

Content de faire ta connaissance.

Je te raconte à mon tour une autre histoire:

Ma grand mère maternelle, vivait au coeur de la casbah et avait deux petites filles dont ma mère. Pour subvenir à ses besoins et nourrir ses deux filles, elle s'est rapprochochée d'une juive de sa connaissance pour lui demander de l'aider à trouver un job.Chose dite, chose faite, elle lui présenta une patronne d'un grand restaurant au boulevard collona dornano surplombant la grande pêcherie d'Alger, qui s'empressa vite de la prendre en charge, au vu de sa situation.

Bien évidemment, elle lui demanda ce qu'elle sait faire et comme de coutume elle lui répondit beaucoup de chose en autre le coucous.

Une fois l'essai fût concluant,le restaurant ne se désempila plus et affichait complet le jour du coucous et pris désormais une nouvelle vocation " spécialité couscous".

A titre de reconnaissance et en sus du salaire, la patronne du restaurant, lui demanda de ramener ses deux petites filles au restaurant tous les jours.Elles les prirent en charge dans tous les domaines: repas, habillement et même leur scolarisation.

Voilà la façon de montrer la solidarité qui régnait entre nos deux communautés, n'est ce pas merveilleux.Et je m'excuse de dire que les relations se sont un peu tendues et détériorées avec l'avènement du traité crémieux qui a tout remis en cause.
Re: ALGÉRIE D ANTAN
29 mai 2011, 21:54
ceux qui n'on pas eu la chance de vivre cette epoque peuvent difficilement imagine l'entente , la fraternite , l'humour et la bonhommie
qui regnaient en ce temps .

voici une anecdote qui se passe non pas en algerie il y a 30 ou quaranta ans mais a los angeles il y a un an.

je vais au magazin de telephones portables a cote de chez moi , tenu par un juif iranien , pour renouveler l'abonnement de mon fils .
on commence a discuter de mon business ( je suis agent artistique)et il me presente un jeune homme , me demandant de lui donner des conseils pour faire du cinema . il's'avere que le garcon est francais . en discuttant je devine qu'il doit etre de chez nous ,bien que ne en france.
je lui donne mon mon de famille , il prend son portable et appele sa mere a marseille . il me la passe elle commence a me citer les noms de mon grand pere de ma grand mere de mes parents de mes oncles et tantes . elle me dit : ta grand mere m'a eleve.
grosse emotion des deux cotes de la ligne.
c'etait la voisine de mes grand parents a constantine , chara' lihoud. dans les annees 40-50.
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