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Les sociétés maghrébines dans leur ensemble

Envoyé par tlemcani 
Les sociétés maghrébines dans leur ensemble
02 octobre 2005, 03:08
Le Maghreb, pays méditerranéen.
Ce qu’est un pays méditerranéen du point de vue géographique

Les zones maritimes du pourtour de la Méditerranée ont connu une alternance de périodes de mise en valeur et d’abandon. Les embouchures des fleuves sont insalubres avec les marais qui s’y trouvent (cf. Ostie, port de Rome à l’embouchure du Tibre, la Camargue à l’embouchure du Rhône, etc.).
Les montagnes sont des zones à fort peuplement ; le paysage est humanisé, construit. Les cultures en terrasses sont nombreuses ; toutes les portions de terres disponibles sont mises en valeur. Elles le sont d’autant plus qu’il y a complémentarité entre la culture et l’élevage ; les animaux fournissent la fumure dont les terres ont besoin. Le manque d’eau, faibles précipitations, nécessite l’emploi de l’irrigation, donc la création d’une vie sociale pour aménager les différents systèmes d’irrigation. Le système de redistribution de l’eau par irrigation a été introduit en Espagne par les Arabes.
Les systèmes agricoles utilisés (houe, araire) sont anciens et correspondent à une faible mécanisation. Il y a une complémentarité importante entre l’agriculture et l’élevage ; celui-ci fait appel au nomadisme pastoral et à la transhumance. Le nomadisme pastoral s’est développé dans les plaines d’Afrique du Nord et ne correspond pas à un déplacement cyclique ; la transhumance est un mouvement pastoral cyclique qui correspond au rythme des saisons.
Les céréales constituent la principale production agricole. La région méditerranéenne peut être définie comme la zone de la vigne et de l’olivier. Les produits agricoles sont sacralisés

La Méditerranée, lieu de rencontre des trois religions monothéistes

Les trois grandes religions monothéistes révélées se situent en continuité l’une par rapport à l’autre.


croquis
L’Islam se présente en continuité avec les deux précédentes religions monothéistes ; ces trois religions se sont répandues dans le monde : le Judaïsme par la diaspora juive, le Christianisme à travers la colonisation (XVIème-XXème siècles), l’expansion musulmane (Indonésie, Russie, Espagne, Maghreb et Afrique sub-saharienne). Le Bassin méditerranéen est le lieu de confrontation de ces trois religions monothéistes.
En terre d’Islam, les gens du Livre (juifs ou chrétiens) possèdent un statut particulier qui les distingue des païens. Ils peuvent continuer à pratiquer leur religion, alors que les païens doivent se convertir à partir du moment où ils ont connaissance de l’existence d’un Dieu unique ; les religions juives et chrétiennes se pratiquaient moyennant un impôt spécial qui remplaçait la Zakkat ; mais ceci ne conférait pas aux Chrétiens et aux Juifs un statut de citoyen à part entière.
L’Espagne est islamisée à partir de 711, franchissement de Gibraltar et la première vague de conquête est arrêtée à Poitiers (732). A partir du XIIème siècle commence la Reconquista, c’est-à-dire la reconquête de l’Espagne par les royaumes chrétiens qui se termine en 1492 par la prise de Grenade. Le règne de Philippe II d’Espagne verra la fuite des Maures et des Juifs du royaume d’Espagne ; ils gagneront l’Afrique du Nord, notamment le Maroc, et ils s’installeront dans des mellah (quartiers réservés aux juifs).
Une zone de migration et de brassage des populations

Les arabes font irruption en Méditerranée au VIIème siècle ; ils seront suivis par les Turcs au XIIème siècle.
A partir de 1830, ce sera une expansion européenne en Afrique du Nord (Espagnols, Français et Italiens).
A la fin du XIXème siècle, migrations internes à l’Europe avec des travailleurs italiens vers la France, puis des Espagnols (à partir de 1935), des Portugais (1960) et des Nord-africains (1950). Migrations pour aller chercher du travail est subvenir aux besoins des familles restées sur place.

Une conception particulière de la famille

La cellule de base des sociétés rurales a été la famille en tant que groupe de parenté ; la famille est aussi symbolisée par la maison et la possession de biens souvent indivis. Il existe un fort rapport de soumission de l’ensemble du groupe familial à l’égard du patriarche. Le patriarche est chargé de défendre l’honneur, le renom de la famille contre les atteintes extérieures. L’homme d’honneur est à la tête du groupe familial.
L’individu se définit à travers son appartenance à un groupe familial. La famille agit aussi à travers les membres qui la composent et tout acte individuel engage la maisonnée.
La famille est aussi une unité de production et de consommation ; elle a tendance à voir son prestige croître en fonction de ses descendants mâles (force de travail). Cette famille étendue se trouve aussi en Serbie (Zadrupa). Cette conception de la famille est celle d’un idéal type, un point de repère. Elle est avant tout basée sur les réseaux de relations familiales, particulièrement importants en période de précarité.

Une zone urbanisée depuis longtemps.

L’espace méditerranéen s’est constitué autour d’un réseau de villes et de bourgs. Importance des cités grecques, phéniciennes, puis romaines dans l’Antiquité. Le phénomène de colonisation est celui de la création de cités. L’Islam est apparu dans les oasis du désert, c’est-à-dire dans un ensemble de cités (Médine, La Mecque, etc.) qui étaient des haltes caravanières. L’Islam a continué à développer les villes gréco-romaines en Afrique du Nord, mais ces villes reposent sur une organisation interne particulière où le privé et le public sont séparés.

L’ancienneté de l’écriture.

Les sociétés méditerranéennes sont à tradition écrite (savantes et urbaines) ; elles sont opposées aux traditions orales (essentiellement rurales). L’écrit est important dans l’ensemble des sociétés méditerranéennes. De nombreuses écritures sont nées sur les bords de la Méditerranée.

Le Maghreb arabo-berbère

L’étude est faite essentiellement sous l’angle linguistique (voir le site de Sil.org). Dans l’ensemble maghrébin plusieurs populations cohabitent : les Arabes, les Berbères, les Juifs et de nombreuses populations noires, dont certaines seraient restées au nord du Sahara au moment de l’assèchement de cette région (Haratine de Mauritanie ?) ; d’autres sont les descendants des esclaves.

Les Berbères

Les Berbères constituent le peuplement le plus ancien du Maghreb. Ils se distinguent par une langue qui leur est propre. Les linguistes ont mis en évidence l’existence de cette langue commune mais qui présente de nombreuses variantes sur l’ensemble de la région. Le Berbère n’a jamais été une langue officielle ou religieuse. Il n’a jamais fait l’objet d’un enseignement scolaire. Il s’agit avant tout d’une langue orale. Le Taffinagh est la langue berbère parlée par les femmes touareg.
Berbère est un terme grec qui signifie barbare dans le sens où ce sont des gens qui ne parlent pas le Grec. Ce mot est repris par Ibn Khaldoun dans son histoire des Berbères. Ce mot n’a pas été utilisé jusqu'à une époque récente par les Berbères. Actuellement le berbère est la seconde langue parlée dans tout le Maghreb ; il est compris par la majorité de la population.


Maroc 10 millions de locuteurs 3 grands parlers Rifain
Tashhit ou chleuh (Anti Atlas ou Haut Atlas occidental)
Tamazight (Haut Atlas central et oriental ; Moyen Atlas)
Algérie 5 millions de locuteurs 3 parlers Kabyles (Petite et Grande Kabylie)
Chaouias (Aurès)
Zenetes (Mzab)
Tunisie 50 000 berbérophones Oasis du Sud et Djerba
Libye quelques populations
Egypte 10 000 Siwa
Mauritanie 10 000 Zenaga
Touareg 1 million Tamatcheck Mali( 500 000)
et Niger (500 000)

Les berbérophones sont plus de 16 millions dont près de 15 millions au Maghreb. Ces langues sont des langues chamito-sémitiques comme l’Egyptien ancien, l’hébreux, l’arabe et certaines langues tchadiques. Toutes ces langues présentent des similitudes de syntaxe mais de grandes variantes lexicales avec des champs sémantiques différents. Il y a de nombreux emprunts réciproques entre l’arabe et le berbère.
La langue est évolutive. Le berbère a été écrit en caractères arabes depuis le VIIIème siècle, puis en caractère latin avec la colonisation. Le grand problème du berbère est la transcription de la langue. Le Taffinagh lutte contre l’arabisation menée par certains gouvernements dont celui d’Alger.
Le berbère est largement diffusé par les cassettes ; cela possède un impact sur l’évolution de la vie culturelle : les chants qui se transformaient en fonction des chanteurs et des auditeurs prennent une forme figée ; tous veulent recréer l’ambiance et le ton des cassettes. La langue devient de plus en plus rigide.

L’Arabe.

Arabe est un terme hébraïque qui signifie désert ; ce terme désigne aussi les populations bédouines de la péninsule arabique. Les Bédouins ont domestiqué le dromadaire pour effectuer le commerce caravanier. Les Arabes se sont infiltrés dans le croissant fertile ; après la conquête de toute la péninsule, ils sont arrivés au Maghreb (seconde moitié du VIIème siècle). Ils sont porteurs de l’Islam et vont contraindre les populations autochtones à se convertir à l’Islam et à s’arabiser.
Au XIème siècle arrivent les Hilaliens ; c’est une vague peu importante numériquement. Ils sont originaires du sud de l’Arabie. Ils propagent la foi sunnite. Les populations berbères arabisée du Maghreb se considèrent comme des Arabes.
L’arabe n’est pas une langue monolithique :

l'arabe classique est la langue sacrée du Coran ; il sert de modèle pour la syntaxe et le vocabulaire. Les discours prononcés en arabe classique ne sont pas toujours compris par les populations.
l'arabe dialectal varie selon les pays ; il est fortement imprégné de mots employés par les populations locales ;
l'arabe médian ou journalistique est compris par l'ensemble des populations arabisées du Maghreb.
La scolarisation s’est faite en Français pendant toute la période coloniale ; puis il y a eu passage à l’arabisation depuis les indépendances. Le Français est toujours la seconde langue ; elle est utilisée dans les Universités pour les matières scientifiques. Les élites qui ont prôné l’arabisation envoient leurs enfants dans les établissements français.
Existence d’un trilinguisme.

Dans le domaine de l’écrit, tout ce qui concerne les questions économiques et techniques est en français ; les questions sociales et religieuses sont en arabe classique, le reste en arabe vernaculaire ou dialectal.
Dans le domaine de l’oralité, le langage repose essentiellement sur l’arabe médian. Pour le culte et les affaires religieuses, c’est toujours l’arabe classique. Quant à la vie familiale, les gens utilisent indifféremment le berbère, l’arabe dialectal, voire le français pour les élites. Les informations sont diffusées en arabe classique, berbère et français.
Les productions cinématographiques sont en arabe dialectal ou médian ; les productions d’origine étrangère sont en arabe classique.
Le trilinguisme est particulièrement important. Il n’est pas rare que la langue change au cours de la conversation, selon les sujets abordés et selon les interlocuteurs.

La persistance du Berbère.

Chaker estime que les formes de résistance sont multiples et croisées :

hypothèse de la géographie : le Berbère s'est maintenu dans les zones de montagne, difficiles d'accès, donc où les Arabes ont eu des difficultés pour pénétrer.
hypothèse démographique ; le Berbère s'est maintenu dans des zones de peuplement dense où les conditions ne permettent plus la venue des autres ;
hypothèse du système d'appropriation du sol. Les sociétés sont, dans leur majorité, à forte caractéristique paysanne, anciennement ancrée dans le territoire avec une propriété individuelle de la terre. Le village gère collectivement un territoire. Dans le village, plusieurs secteurs lignagers sont présents. Ce fort ancrage terrien a permis de maintenir une culture propre en raison d'un mode de vie distinct des Arabes. Les nomades se sont installés dans les plaines d'où une plus grande arabisation en raison même du mode de vie.
hypothèse politique. De nombreuses régions ont été en hostilité permanente avec les pouvoirs centraux qui se sont établis. Le pouvoir central n'a jamais réussi à soumettre l'ensemble des populations.
Le Berbère s’est maintenu comme langue en dépit du fait que depuis les indépendances, le Berbère a été rejeté en raison de la constitution des Etats-nation où l’Arabe a été la langue nationale. Il s’agissait de créer une identité nationale qui ne pouvait supporter le multi-ethnique. L’apprentissage du Coran s’effectue toujours en arabe.
Les populations juives ont été importantes au Maghreb ; elles étaient fortement implantées au moment de l’arrivée des Arabes ; la migration a ensuite été importante à la suite des édits espagnols contre les juifs (XIVème siècle). Vers 1946, il y avait 1,5 millions de juifs au Maghreb. Ces populations ont quitté le Maghreb en 1948 (création de l’Etat d’Israël) et en 1962 pour l’Algérie (Indépendance).

Le Maghreb, pays musulman.

Les Musulmans sont 800 millions de par le monde et représentent 1/5 de la population mondiale. Sur cette population, il y a 160 millions d’arabisés soit 1/5 des musulmans. Il s’agit du Maghreb, de l’Egypte, la péninsule arabique, la Syrie, la Jordanie, le Liban, la Palestine, l’Irak et Israël. Parmi ces Arabes ou arabisés, il existe aussi des populations non musulmanes : coptes, chrétiens du Liban, etc.
Les pays musulmans non arabes sont la Turquie, l’Iran, le Pakistan, l’Inde, l’Indonésie (160 millions - autant que les Arabes), la Malaisie, les Républiques musulmanes d’Asie centrale, les Pays balkanique, la Chine, l’Afrique subsaharienne (100 millions) et la diaspora musulmane à travers le monde.
L’Islam est multiple et divers. Il comprend de nombreuses écoles et familles de pensée ; L’Islam est différent selon les niveaux de culture et les rapports avec les religions préexistantes ; l’Islam a une histoire de quatorze siècles.
L’Islam est né au VIIème siècle en Arabie. Les Arabes disposent de dromadaires qui permettent aux pasteurs nomades d’être des caravaniers. Les dromadaires ont fourni la logistique de la conquête.
Les oasis constituent une ligne qui relie l’Arabie heureuse à Jérusalem ; ces oasis sont occupées par des sédentaires. Ces oasis sont des grandes villes marchandes et caravanières (La Mecque, Médine, Pétra). Il existe un rapport de complémentarité entre les pasteurs et les agriculteurs sédentaires. Les sédentaires fournissent aux Bédouins du grain, des dattes (tante et mère des Arabes), des vêtements. En échange, les Bédouins leurs assurent la protection contre les autres nomades.
Le groupe de base bédouin est la tribu se réclamant d’un ancêtre commun ; l’idéologie est patrilinéaire. L’unité sociale est le groupe de parent (la tribu) qui est une unité économique ; elle donne et reçoit des femmes et fonctionne de manière égalitaire. Dès que surviennent des problèmes, le clan qui s’était élevé pouvait se retrouver au même niveau que les autres tribus. Les Bédouins pratiquaient l’esclavage, souvent les affranchissant ensuite. L’art de la parole - et de la poésie - est très développé. La femme possédait un rôle essentiel chez les nomades.
La tribu est placée sous l’autorité d’un saïd qui tire son autorité de son prestige personnel ; il est désigné par un consensus. Les aînés des grandes familles possèdent un pouvoir prépondérant. L’autorité est acceptée si le saïd respecte la Sunna (tradition). La tradition veut qu’il soit généreux, charismatique et sage ; il symbolise l’unité et la cohésion du groupe.
Chaque tribu possédait ses lieux et ses monuments sacrés ; la religion était basée sur la croyance en une foule d’esprits (djin, djoun) qui peuvent se voir attribuer une résidence et chaque tribu possédait ses périodes de sacrifice, d’ablution, de rites de divination. Le sanctuaire est un centre de regroupement intertribal. La Pierre noire de La Mecque était fréquentée par plusieurs tribus bédouines. Certains sanctuaires étaient fréquentés par plusieurs tribus.
Les nécessités économiques expliquent comment certains lieux de culte primitif ont pu se développer comme forme de vie. Le sanctuaire est un lieu de foire commerciale ; en tant que lieu sacré, tous les conflits sont interdits dans les villes ; La Mecque était un de ces lieux et se trouvait sous la domination de la tribu des Quaraych. Par La Mecque transitaient des produits d’Orient et du bassin méditerranéen. La Mecque avait mis au point, avec Byzance, un système organisé d’accueil et de transit de marchandises ; cela signifie qu’il y a une stabilité des échanges commerciaux. La Mecque était donc organisée comme une république marchande alors que Byzance était en conflit avec la Perse. « Il est certain que sans Mahomet, les aspirations de la société arabe n’auraient pu s’organiser, mais aussi, sans ces aspirations, les prédictions de Mahomet seraient restées lettre morte » (A. Miquel : L’Islam et sa civilisation).

La naissance de l'Islam

Mahomet

Muhammad, né autour de 570 dans le clan des Quaraych ; est de la tribu des Beni Hachim. Très jeune il est orphelin : il hérite de sa mère une esclave et des chameaux ; élevé par son oncle Abu Talib, Mahomet devient gardien de troupeau, puis caravanier au service d’une riche veuve Kadija, de dix ans son aînée, qu’il va épouser. Ce mariage va faire de lui un personnage important de la cité. Fatima naît de cette union ; elle épousera Ali, le fils d’Abu Talib.
Vers 610, Mahomet a les premiers signes de la révélation (visions, appel, expérience mystique...). Il a quarante ans. Vers 612, l’ange Gabriel lui apparaît sur le Mont Hira et lui donne l’ordre de prêcher au nom du seigneur. Il s’ouvre de ces visions à Ali, Abu Bakr, Outman pour chercher à se rassurer sur l’origine de ces prédications.
A début, sa prédication est strictement religieuse ; elle repose sur l’affirmation que Dieu est unique et l’annonce du Jugement dernier. Sa prédication ne touche que les petites gens, ceux qui vivent en marge de l’oligarchie mecquoise. Les Quaraychites qui contrôlent le commerce de La Mecque sont opposés à sa prédication qui est une remise en cause de l’ordre établi. Mohamet recherche donc des alliés ailleurs qu’à La Mecque. En 619, Abu Talib et Kadija décèdent. La route est libre pour la prise de pouvoir.
Mahomet conclut une alliance avec Médine, la ville aux intérêts opposés à La Mecque. Dans Médine vivent une communauté juive et deux tribus arabes yéménites. En 622, Mahomet et ses partisans fuient La Mecque pour se réfugier à Médine ; c’est l’Egire qui sera le début de l’ère musulmane. Mahomet va devenir le chef d’une association nouvelle dont les liens ne sont plus basés sur le sang mais sur une volonté de vivre ensemble et de partager la même foi : l’Umma. Il établit un ordre politique nouveau qui s’oppose à La Mecque. Il y a un conflit de pouvoir et celui-ci est antérieur à l’élaboration religieuse de la foi musulmane.
Mahomet va devenir polygame ce qui lui permet de nouer de nombreuses alliances avec d’autres groupes et se constituer une importante parenté. La communauté s’organise ; elle vit selon l’exemple de la vie menée par Mahomet, exemple qui devient source du droit et du rituel pour tous les Musulmans. Mahomet est le chef des croyants de la nouvelle religion ; c’est aussi un arbitre au sein de la communauté. Il élabore la constitution de Médine qui règle les rapports entre les différentes communautés vivant à Médine. L’extension de la foi se fait par la violence, sous forme de razzias, d’abord contre les caravanes de La Mecque dont il s’agit d’asphyxier l’économie et qui procure des richesses. Violence et imbrication du politique et du religieux sont inscrits dès l’origine dans l’Islam.
En 630, les troupes de Mahomet s’emparent de La Mecque. Mahomet détruit les idoles de la Kaabah et reçoit l’allégeance du clan Quaraychite qui se traduit par la paix et la libre circulation des caravanes. Mohamet est devenu le prophète armé d’un état musulman et entreprend la conquête de l’Arabie.
En 632, Mahomet effectue un pèlerinage à la Mecque et fixe, par ses gestes et la ses paroles, le rituel du pèlerinage. Il décède à Médine quelques temps plus tard (632). Le succès de la prédication de Mahomet.
L’Islam est né dans les villes situées au sein d’une communauté de Bédouins. Ce n’est qu’ensuite qu’elle gagne le désert. Cet argument est spécieux, car aucune religion ne peut naître dans le désert où les hommes sont pratiquement absent ; la religion est faite pour les hommes. Lorsque l’on dit que l’Islam est une religion du désert, il faut entendre par là que l’Islam est né dans une société bédouine, où le désert tient une grande place, car il constitue l’environnement naturel de la société.
Le succès est dû aux tensions qui opposaient artisans et esclaves à l’oligarchie mecquoise. L’Islam est devenu la religion de ceux qui se sont révoltés contre le pouvoir politique et l’oligarchie marchande de La Mecque.
Chez les Bédouins, la razzia prend une dimension nouvelle ; elle permet aux nomades de s’emparer des terres riches qui se trouvent dans les oasis. A travers la propagation de la foi, l’impérialisme est fortement encouragé, d’abord en direction de toutes les palmeraies des routes caravanières, en direction du croissant fertile, de l’Orient et de la Méditerranée. L’Islam est né dans la violence, une violence justifiée.
L’Islam est né en Arabie ; l’arabe va devenir la langue sacrée pour tous les Musulmans, car c’est dans cette langue que la parole de Dieu a été transcrite par le Prophète pour les hommes. Il va se créer une tradition à partir de l’arabe qui va d’un coté se figer (arabe classique) et de l’autre évoluer au fur et à mesure des besoins de la vie courante (arabe dialectal).

Les fondements de la foi.

Mahomet se situe dans la continuité de la révélation : Abraham, Moïse, Jésus, Mahomet. Cette révélation affirme l’unicité de Dieu et s’oppose au temps de l’ignorance (la jahiliya : temps du paganisme). Le mot islam signifie soumission au Dieu unique.
Mahomet espérait que chrétiens et juifs se convertiraient à sa religion, son message étant le prolongement des deux premiers. Mais devant leur attitude de refus, il s’oppose à eux. Il va donc substituer La Mecque à Jérusalem comme le centre de la prière. Dans l’Islam, il n’y a aucun clergé, chaque musulman étant en relation directe avec Dieu.


Juif Abraham - Moïse Attente du Messie
Chrétien Abraham - Moïse - Jésus, le Messie envoyé de Dieu Attente du Jugement dernier
Musulman Abraham - Moïse - Jésus et le Prophète Mahomet Mahomet, le dernier prophète

La différence entre les trois religions est fondamentale ; elle se situe au niveau de la venue du messie, l’envoyé de Dieu sur terre pour racheter le péché des hommes.
Pour les Juifs, le Messie n'est pas encore venu, ils sont toujours dans son attente.
Pour les Chrétiens, Jésus est le Messie. Le monde attend le jugement dernier.
Pour les Musulmans, il n'y a pas de Messie à venir et Mahomet est le dernier prophète envoyé par Dieu avant le Jugement dernier.
La question rituelle qui se pose est la substitution de La Mecque à Jérusalem ; pourquoi avoir choisi La Mecque qui a été opposée à Médine. En raison des origines de Mahomet ? Quelle importance possède la pierre noire de la Kabbah qui est une idole des temps anciens (météorite) ? Il y a eu volonté de créer un nouveau pôle, à partir du moment où il n’y a pas eu possibilité de fusion avec les autres religions monothéistes. On retrouve là une stratégie de prise de pouvoir politique dans le domaine religieux.
Le Coran est le livre sacré qui contient l’ensemble de la révélation faite à Mahomet par l’intermédiaire de l’archange Gabriel. Il contient les 114 sourates qui ont été fixées par Outman afin d’éviter toute interprétation et de consigner dans un livre unique des fragments épars. L’arabe est une langue intouchable parce qu’utilisée par la révélation divine. Le message de Dieu ayant une vocation universelle, il va justifier l’existence d’un impérialisme, celui de l’Arabie.

Les cinq piliers de l’islam :

la profession de foi (chahada) : Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est l'envoyé de Dieu. Le fait de prononcer cette profession de foi sert à convertir un païen ou un infidèle.
la prière (salat) est précédée des ablutions rituelles. La prière est dite cinq fois par jour : aube (5h), midi (11 h), après midi (15h), coucher du soleil (18h), soir (22h). La prière en commun est particulièrement recommandée ; elle est obligatoire le vendredi ; elle s'effectue alors sous la direction de l'imam qui est celui qui mène la prière.
le jeûne (sawal) du Ramadan dure un mois lunaire. Le jeûne se termine par une fête Ida Isrir. Pendant le mois du Ramadan se déroule la nuit bénie, celle où Gabriel est apparu pour la première fois à Mahomet sur le Mont Hira (nuit du 26ème au 27ème jour)
l'aumône légale (sadaqa). Tout musulman doit remettre 1/10 de son revenu au profit de la communauté. C'est souvent devenu un impôt au profit de l'Etat.
le pèlerinage est recommandé pour celui qui en a les moyens (physiques et matériels). Celui qui a fait le pèlerinage est Hadj; il confère un statut, une notoriété au sein de la communauté.
Le Djihad désigne l’effort accompli pour le règne de Dieu. Deux écoles s’affrontent, celle de l’effort personnel, et celle de la lutte contre tous les infidèles. Entre ces deux extrêmes toute une variété de Djihad existe.

L'histoire musulmane

L’histoire musulmane peut se diviser en quatre grandes étapes :

des origines au milieu du VIIIème siècle, l'islam est porté par les Arabes ; c'est la période des khalifes inspirés (632-658)
du milieu du VIIIème siècle au milieu du XIIème siècle avec le rôle dominant de la Perse ; l'islam est au contact des traditions étrangères, notamment turque. Bagdad est conquise par les Turcs en 1055.
du XIIème siècle au XVIIIème siècle la Turquie et les Mongols jouent un rôle prépondérant.
du début du XIXème siècle au XXème siècle, se caractérise par une période de modernisme pour l'islam ; c'est une période de fermentation intellectuelle en raison de l'ouverture sur le monde moderne.

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