Souvenirs et poésies

Nous allons demander ici aux lecteurs Musulmans d'apporter un peu de poésie, car il est reconnu que les Arabes ont une forme majestueuse de décrire avec la plume les images, et les sentiments forts et ressentis.

Les jeunes surtout pourraient aussi décrire ici les bons souvenirs de leurs parents avec la communauté Juive.

En attendant, je vais écrire une petite histoire à ma façon. J'espère que vous l'apprécierez.

J'avais 10 ans et mes jours de congé se passaient au travail avec mon père dans un étal au marché de l'Agha, au bas de la rampe.

C'est 4 heures, il me rêveille
moitié endormi
je me rue vers la fontaine
lave mon visage
bois un café au lait en vitesse
et courons pour attraper le tramway
avec des colis sur les épaules

Kader, le marchand de vaisselles
d'un coté
est déjà là et sourit
a notre venue
De l'autre côté, c'est Torgo
le marchand de paille de chapeaux
de sacs et de couffins

Ce dernier habillé de Jallabah et d'un turban
commence à rechigner en Arabe de suite
mon père lui répond, et voilà
qu'il saute de son panier
ou il était assis confortablement.
Il semblait en furie

Kader l'engueule, y ajoute son mot
et voilà le début de matin
Je ne comprenais rien de leur histoire
Mon père, peu éduqué, ne pouvait me traduire
Et ils finirent tous par rire ensemble
Je ne savais de quoi


A suivre..

Bonjour,
Alger, école Lelièvre, classe de 6 eme . Le professeur nous demande de rédiger une rédaction; le sujet : Le bruit, le matin en bas de votre rue.
J'habitais près des 3 horloges, en bas de chez moi il y avait un réparateur de casserolles, le matin avant l'école je l'entendais taper sur son enclume.
Donc, pour ma rédaction, j'ai commencé comme cela :
pan pan pan pan pan pan pan......... sur 2 pages pleines; à la fin, je termine : "c'était le bruit du ferblantier.
Résultat de la note: O et avertissement du directeur auprès de ma famille; voila une petite histoire, rédigée en écoutant la pluie tomber.
Amitiés, Daniel

bonjour a tous. Tout dabord, je viens remercier Abraham et Daniel pour leur petite histoire.
Je suis la femme du Frangaoui. Mes parents, mon frere Alain et moi-même habitions également aux "3 Horloges".Quand a moi, j'étais a l'école Franklin, au CE1 et, un matin, au retour des vacances d'hiver, notre institutrice nous donne a chacun, une feuille et, nous demande de faire un dessin décrivant le meilleur souvenir de nos vacances. Je reste sagement les bras croisés puis, voila le moment, pour notre institutrice, de ramasser nos feuilles.Furieuse, elle se dirige vers moi en me disant, les vacances sont terminées.....il faudrait te dépécher un peu. Je la regarde en lui disant, mon dessin est fait, maitresse....je suis allée a Miliana avec ma maman, chez ma grand-mère et, il neigeait tellement que tout etait blanc donc..... voila....
amicalement

une enfant de BEO
Dany-Paule

Entre l'école de la place Lelièvre
où j'étais bon élève
je partageais
mes ancêtres les Gaulois
d'un côté

Puis de l'autre autre
ceux d'Abraham
Isaac et de Jacob
à l'école Juive
rue Suffren

De l'autre côté
c'était au marché de l'Agha
avec les adeptes du
Messager Mohammed

Il y avait complête harmonie
depuis début du jour
jusqu'à nuit tombante

J'adorais
ce grand marché tumultueux
dans lequel je marchais partout
à l'aventure
dans les boutiques
étals
pleins de couleurs
de musique de bruits et de rires

Mon père
fier de mes études de l'Arabe
propageait ces nouvelles
à ses voisins et amis musulmans
qui venaient me voir souvent
pour s'assurer de mes progrés
de les propager aussi
avec grands sourires
amitié sincère
affection et déférence

Dans un moment de répis
Kader le voisin
passait son temps avec moi
sur une grande caisse
me dirigeait dans la lecture
Il savait aussi calmer mon père
quand il m'engeulait
sans raison
et prenait mon parti
en élevant sa haute voix

Des touristes du monde entier
passaient en ce marché
A douze ans déjà
Je balbutiais l'Anglais
assurant des ventes
sans jamais recevoir
ni merci ni pitance

à suivre...

1961, El-Biar-Alger.
Nous sommes trois copains de classe à décider d'aller voir les Dix Commandements au cinéma Rex d'El-Biar. C'est une expédition. Une véritable aventure! Notre jeunesse et notre mépris relatif du danger ne nous rendent pas totalement inconscients. Nous empruntons les chemins les plus déserts et discrets à partir des Tagarins, coupant par le Fort-l'Empereur, puis, évitant l'avenue Clémenceau en prenant les ruelles du haut de Birtrarïa pour déboucher près du cinéma.
Le film est bouleversant, et nous en retenons chaque détail pour en mettre plein la vue et enflammer l'imagination de nos camarades dès demain.
Le film est très long et deux entractes sont prévus. Nous ne quittons pas la salle, n'ayant ni les moyens de nous rafraîchir ni l'envie de nous faire plus remarquer. Trois enfants seuls, arabes de surcroît en cette période tourmentée, et dans une salle de cinéma hors-Casbah...!
Ce qui pouvait arriver, arriva de fait! Dès la reprise de la projection, le film s'arrête, les lumières se font et plusieurs adultes viennent nous sortir de la salle pour nous interroger avec de gros yeux sourcilleux. Des questions, des réponses balbutiées, puis on nous relâche après quelques petites claques sur la tête. Etait-ce la police? Une milice? Nous n'en saurons jamais rien. Le lendemain, nous avions deux films à raconter.
Quelques petites années plus tard, j'ai revu en entier les Dix Commandements, puis Ben-Hur, ayant déjà vu et revu Samson et Dalila avec Victor Mature à l'Odéon, au marché de Chartres.
Ibrahim-Sid'Ali.

Bonjour,
OUI, c'est cela un forum !
Donc,
après avoir lu vos souvenirs réspèctifs, à mon tour, cette anecdote :
Un matin de congé scolaire, ma soeur me donne 1000 frs ( 10 frs ),pour me dit-elle acheter au marché des 3 horloges les légumes et fruits pour le repas de midi. Moi pour lui faire plaisir, au lieu de ces achats, je vais chez le fleuriste et j'achète pour 1000 frs de fleurs; et, fièrement je rentre à la maison.
La suite, vous vous en doutez ça à était assez épique. Le fleuriste ne voulant pas reprendre les fleurs; pendant une seumaine l'appartement était le plus fleuri de Bab el oued !!
Il est fou ce Dany.

EN LISANT TES SOUVENIRS DANIEL JE ME SOUVIENS D'UNE PERIPETIE....MA MAMAN M'AVAIT ENVOYEE CHEZ LE BOULANGER POUR RAPPORTER LE GRATIN QU'ELLE AVAIT MIS AU FOUR{COMME TOUT LE MONDE LE SAIT ON APPORTAIT TOUT AU FOUR DE NOTRE BOULANGER COMME LA DAFINA DU CHABAT...}.EN CHEMIN LE GRATIN ETAIT ENCORE SI CHAUD QU'IL M'EST TOMBE.....ET VOILA NOTRE DEJEUNER PAR TERRE!!J'AI TELLEMENT EU PEUR DE ME FAIRE GRONDE QUE JE ME SUIS CACHEE CHEZ UNE COPINE PENDANT 2HEURES......!!!

Années soixante, angle rue Vasco de Gama et Général Verneau.
Entre autres Européens qui y étaient restés, Mme Roussel. Une vieille dame, le dos voûté, des lunettes à verres épais, un sourire permanent, une fraîcheur d'esprit et les bons mots qui vont avec, accompagnée de sa petite-fille Annie. Annie était trisomique et souriait tout autant que Mme Roussel, saluait tout le monde, comme mémé, serrait des mains, entrait dans la danse avec mes jeunes soeurs au pied de l'immeuble en chantant :
"Quand la vieille est en colère, elle jette son bonnet par terre,
quand la colère est passée, elle va vite le ramasser..."
Ou alors :
"C'est le prère Mathurin
qui fait la musique
assis la bombarde en main
sur une barrique..."
Mme Roussel, toujours accompagnée d'Annie, passait une heure à faire ses courses chez Bouboule, l'épicier Mozabite du coin, qu'elle avait connu jeune commis. Une heure à rappeler le bon vieux temps qu'on imaginait, et croyait, féerique à voir l'approbation soutenue de Bouboule, alors quinquagénaire.
Elles étaient là toutes deux, faisant l'objet d'une attention particulière de tous. On les aidait à porter jusqu'à l'étage leur filet à provisions, et elles étaient visiblement heureuses. En tout cas, Annie. Puis, comme rien n'est éternel, Mme Roussel s'est éteinte. Nous n'avons plus revu Annie, l'Innocente.
Ainsi se construit la mémoire. De drames et de moments émouvants au possible.
Au fil des ans, ce sont d'autres qui sont partis, ailleurs ou au-delà de nos petites misères, cependant que nous restons à nous prendre, pour les plus abrutis, à la gorge.
Il n'en restera que des souvenirs, mais qui marqueront nos enfants,et je prie pour que les miens retiennent les plus émouvants.
Ibrahim-Sid'Ali.

Le Prophète

Dès l'âge de 5 ans que je me souvienne
déambulait à Bab El Oued
et ailleurs
une fois par an
un être majestueux
qui semblait descendre de la Bible

Je l'appelais Moïse

Il ne savait ni lire ni parler Français
mais ses yeux de couleur bleu ciel
pénétrants
suffisaient à l'entretien

Vêtu de blanche djelabbah
longue, blonde barbe
et chevelure
pieds nus
Il arrivait devant notre porte
une fois par an
pour bênir les enfants

sa main sur mes cheveux
son regard dans le mien
Il priait et bênissait
les enfants d'Israël
en ancien Hébreu
au nom de l'Eternel

Ma mère conversait un peu avec lui
dans une langue perdue des Aurès
Elle apprenait
qu'il venait de très loin
enseignait
d'anciennes coutumes
chaque fois
et de façon indirecte
des secrets de la Torah

Il continuait sa route
sa mission
je le suivais du regard

Je l'aperçu dans la rue
où des Musulmans
s'approchèrent de lui
avec grand respect
leur parlant sa langue
lui baiser la main
et où il les bênissait aussi

Un être inoubliable
pour un enfant d'Algérie
là où l'innocence rêgnait

je suis algerienne et née aprés l'independance,et donc je ne peux pas participer à ce topic, mais j'aime beaucoup ce que vous racontez là, et j'aurais aimé vivre votre époque, elle a l'air sympa et pleine de charme et de mysteres.
merci pour ces récits.