Albert Bensoussan : Je me souviens… Yom Kippour à Alger

Je me souviens… Arpentant encore et toujours les tournants Rovigo, montant et dévalant, j’avance sur les cotons de la mémoire, par des rues qui s’effacent et des places qui roulent vers l’abîme. Je me souviens d’une ville qui n’existe plus… Depuis des années et des années, tant de sable a croulé, et je me vois toujours descendant cette cité en pente, toutes ces rues d’Alger qui se jettent à la mer. Où nous fûmes naufragés… Yom Kippour à Alger, au Grand Temple de la rue Randon, comment c’était déjà ?…

Depuis le recueillement de Kol Nidrei, la veille au soir, pas une miette de pain, pas une goutte d’eau n’avait traversé mon gosier. Je m’éveillais la langue râpeuse, et qui collerait au palais toute la journée, car défense de se laver, de se rincer, de se rafraîchir. Le jeûne était contri tion, il fallait aller au-devant de la souffrance. J’accompagnais papa aux aurores. Jamais je ne l’aurais laissé aller seul à notre synagogue, au cœur de la citadelle maure. Une houle de chaleur montait aux tempes comme nous traversions les artères désertées. Dans la cité marchande, pas un seul commerce n’ouvrirait, ni rue d’Isly, ni sous les arcades de la Lyre, ni rue Bab-Azoun, ni aux tissus Bouchara ni chez Bakouche, pas plus qu’au Petit-Duc des frères Stora ou chez Baranès à Maison Larade, qui avaient averti toutes les couturières catholiques de la ville que le rideau de fer, ce jour-là, resterait baissé.

Suite:[www.terredisrael.com]

Le Professeeur Albert Bensoussan a écrit là une journée de Kippour où beaucoup reconnaitront de leurs souvenirs. Son récit évoque une époque où les menaces étaient toujours sous-jacentes mais l'optimisme des juifs ne pouvait croire à une telle fin de leur présence en Algérie. Au contraire, ils étaient le levain dans toutes les activités. Et à vrai dire leurs relations avec les musulmans etaient plus sincères qu'avec les autres habitants. Des coutumes (folkloriques) un peu semblables, la connaissance de la langue arabe, rien ne laissait présager les assassinats de personalités et la complète expulsion des juifs d'Algérie par le sinistre F.L.N. Pour finir, comme l'embargo de De Gaulle qui obligea Israel à créer ses propres industries, cette expulsion fut bénéfique pour Israel qui reçut une main d'oeuvre de qualité et des juifs bien décidés avec leur descendance à vivre en Eretz Israel pour toujours.

pour faire un peu léger

quand je me coiffais mémé me disait toujours tu te fais la raie dans les cheveux du tournant Rovigo

Quote
corine
pour faire un peu léger

quand je me coiffais mémé me disait toujours tu te fais la raie dans les cheveux du tournant Rovigo

Oui cela me rappelle quelque chose comme " Tu as une raie droite comme les tournants Rovigos "!
Bonnes Fete de Soucott à tous!