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qui est semite?

Envoyé par HAMMER 
qui est semite?
21 juillet 2004, 07:19
QUI EST SEMITE ?

L’histoire nous enseigne que le qualificatif sémite a été conçu pour la première fois par un auteur allemand du nom de A. L. Schlogel en 1870 dans l’ouvrage Répertoire de la littérature biblique et orientale. Si pour le mot sémite, il est facile d’en deviner l’éponyme — Sem ayant été l’aîné des enfants de Noé —, il en est autrement du terme «aryen» qui désigne les tribus originaires de l’extrémité nord orientale du continent européen, qui ont franchi le Caucase, il y a de cela 4500 ans environ. En se référant toujours à la tradition biblique, c’est le qualificatif «japhetiste» qu’aurait dû utiliser cet auteur, puisque Japhet, troisième fils de Noé, serait le père fondateur des Grecs, des Antoliens et des Européens. En prenant en considération cette classification, les enfants de Sem seraient donc les Arabes et les Hébreux, étant tous deux descendants d’Abraham par Ismaël pour les premiers et par Isaac et son fils Jacob pour les seconds. Aujourd’hui, l’on se rend compte que le terme antisémite n’est réservé que pour désigner les actes ou propos dirigés contre la seule communauté juive, excluant du coup la communauté originaire des pays arabes. En réalité, cette «exclusion» à laquelle se laissent prendre, consciemment ou inconsciemment, bon nombre d’intellectuels occidentaux et orientaux n’est pas le fait du hasard. Que de fois n’ai-je vu lors de tables rondes télévisées, certains d’entre eux se faire taxer «d’antisémite» malgré leur origine sémite ! Le matraquage des médias allant dans ce sens a été tel que plus personne n’ose remettre en cause cette notion restrictive de l’antisémitisme. Lors de la dernière manifestation du 16 mai 2004, organisée à Paris sur le thème de «La lutte contre l’antisémitisme», tout a été fait pour écarter les organisations luttant contre le racisme. Ces dernières n’étant censées s’occuper que «des Arabes, des Noirs et autres basanés». Cette mise à l’écart de la majeure partie des descendants de Sem, que sont les Arabes, rappelle curieusement l’exigence de pureté raciale formulée dans la Bible (Thora) pour protéger la «race sainte» des autres tribus :
- «Ceux qui étaient de la race d’Israël se séparèrent de tous les étrangers» (Nehemie 9-2) ou encore :
- «Lorsqu’ils eurent entendu cette loi, ils séparèrent d’Israël tout homme de sang mélangé» (Nehemie 13-3).
- «…La race sainte s’est mêlée aux gens de pays» (Esdras 9-1 et 2).
A l’aube du IIIe millénaire, la problématique se pose encore et malheureusement sur le thème racial.

LES JUIFS SONT-ILS TOUS SÉMITES ?

La population juive dans le monde comporte deux communautés bien distinctes : les Séfarades et les Ashkénazes. Les Séfarades sont les juifs originaires du Moyen-Orient qui ont émigré à une époque ou une autre de l’histoire vers d’autres pays. Ce sont les descendants d’Isaac par Jacob dont les douze enfants ont formé les douze tribus d’Israël. Les Séfarades ressemblent comme deux gouttes d’eau à leurs cousins arabes. Ils sont aujourd’hui minoritaires puisqu’ils constituent les 1/10 environ de la population juive recensée dans le monde. Quant aux juifs ashkénazes, ils sont originaires de l’extrémité nord orientale de l’Europe et ne sont, de ce fait, ni les descendants d’Abraham ni de Jacob. Ils constituent ce que Arthur Kessler appelle «la treizième tribu»(2). Ce sont les descendants des Ouïgours, des Magyars, des Huns, des Bachires, des Petchenegues, des Tarmiaks et autres tribus appelées aussi les Gogs et Magogs(3) qui peuplaient les vastes plaines situées entre la Volga et le Caucase. Les historiens ont divisé ces peuplades en deux groupes : les Khazars, blonds et les Kara Khazars bruns. Christian Druthnar d’Aquitaine, moine de Westphalie, écrivait en l’an 800 : «Il existe sous le ciel, dans des régions où ne se trouvent pas de chrétiens, des peuples dont le nom est Gog et Magog et qui sont des Huns. Parmi eux, il y a les Khazari qui sont circoncis et observent le judaïsme dans son entièreté.»(4) Ces faits furent confirmés un siècle plus tard, en 951, par un certain Ibn Fadhlan, secrétaire d’ambassade. Ce diplomate raconte, dans ses notes de voyage(5), les péripéties vécues par la délégation dirigée par l’ambassadeur Hassan Er Rassi, chargé par le khalifa El Mouqtadir, de convaincre les Saqaliba (Slaves) d’avoir à traiter directement avec le khalifa, sans passer par l’intermédiaire Khazar judaïsé, dont le royaume était le vassal de Bysance. Cette conversion des peuples khazars au judaïsme s’explique par le fait que la Khazarie fut, durant de nombreux siècles, une terre d’accueil et d’asile pour les rabbins juifs qui fuyaient les persécutions de Bysance. Leur prosélytisme eut du succès tant auprès du roi des Khazars et de sa cour que de la population du royaume. Voila donc ce que disent les historiens sur l’origine des juifs ashkénazes. Il est bien évident que l’évocation de cette origine non sémite des Ashkénazes n’est pas faite pour leur plaire. D’abord, parce qu’elle leur ôte toute auréole de «sainteté» puisqu’elle confirme que ce sont des juifs convertis, non descendants des douze tribus d’Israël dont fait mention la Bible. De plus, elle enlève à cette communauté toute justification biblique à l’occupation de la terre d’Israël dont ils se targuent souvent. Cela est d’autant plus dérangeant que les Ashkénazes représentent les 9/10 aussi bien de la population juive mondiale, estimée en 2002 à 12,5 millions d’habitants(6), que de celle de l’Etat d’Israël. Il est donc bien aisé de comprendre pourquoi l’étude du professeur Abraham Poliak, titulaire de la chaire d’histoire à l’université de Tel-Aviv, intitulée La conversion des Khazars au judaïsme (1941), fut accueillie avec beaucoup d’hostilité par la communauté ashkénaze. Son essai démolissait la «tradition sacrée» faisant remonter tous les juifs modernes aux 12 tribus bibliques d’Israël. En représailles, son nom fut supprimé de l’Encyclopedia Judaïca édition 1971-1972(7), c’est dire ! Aujourd’hui, les Ashkénazes qu’Arthur Kessler classe dans son ouvrage dans la catégorie des «Aryens», du fait de leur origine européenne établie, ont pris la place des Arabes «sémites» que l’on a «déporté» dans une autre catégorie raciale non encore définie et où figurent les peuples noirs et autres teints basanés. L’appropriation de la «race sémite» s’est faite de la même manière que celle de la Palestine, avec la bénédiction, consciente et parfois inconsciente, d’une bonne partie de l’intelligentsia occidentale. Ce n’est donc pas par hasard si le législateur français n’est pas entré dans le jeu malsain de la classification des hommes en races, ajoutant intelligemment la formule «en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée… à une race»…

Par Mahieddine Khelifa
Avocat agréé à la Cour suprême

(1) : Loi 2003-88 du 3 février 1998.
(2) : Arthur Kessler La treizième tribu. Ed Calman-Levy.
(3) : Yajuj ou Majuj en arabe.
(4) : Cité par Arthur Kessler op cit.
(5) : Ibn Fadhlan dans Voyage chez les Bulgares de la Volga, ed. Sindbad
(6) : Chiffre donné par Jacques Attali dans Les juifs, le monde et l’argent.
(7) : Faits soulignés par Arthur Kessler dans La treizième tribu Op cit.
(8) : Le Monde du 17 avril 2004
Re: qui est semite?
26 juillet 2004, 01:36
Pour ma part, on m'a toujours enseigné d'après la Thora et donc la bible que la descendance issue d'Abraham et de Hagard (servante de Sarah) et par conséquent celle d'Ismaël est la nation arabe. D'un autre côté nous avons la descendance d'Abraham avec Sarah qui ont donné naissance à Issac puis Isaac a donné naissance avec Rivka à Jacob et Ésaü. Donc à partie de là la nation arabe est déjà séparée des autres nations. Ensuite Jacob a eu deux femmes Léa et Rachel avec lesquelles il a eu douze enfants qui sont à l'origine effectivement des douze tribus. Puis plusieurs générations après celle des douze tribus nous arrivons à la génération de Noé qui a trois enfants dont Sem, Ram et Japhet.Sem, Ram et Japhet sont donc tous les trois des hébreux mais de Sem va descendre les Sémites donc les juifs de Ram va descendre les gens de couleurs noirs et de Japhet vont descendre les Asiatiques.
Mais je ne pense pas que les Sémites soit les descendant d'Abraham et d Ismaël puisqu'il descende de Noé qui descend d'Issac et non d'Ismaël à la limite les Arabes et les Sémites sont des cousins éloignés peut être que je n ai pas compris votre point de vu et dans ce cas je m'en excuse.
De plus je pense que l'antisémitisme est une forme de racisme et lors de la manifestation d avril 2002 contre l'antisémitisme aucune organisation luttant contre le racisme n'était présente.
Cordialement

Re: qui est semite?
26 juillet 2004, 02:48
Le Monde du 17 mai 2004 a publié un encart publicitaire sous le titre «Contre l’antisémitisme ! je marche !». On peut lire dans l’exposé des motifs «tombes profanées, synagogues taquées…, nous n’acceptons pas la haine du juif, la France que nous voulons, c’est la République du vivre ensemble». Un bien beau programme. Mais comment y croire, lorsque le slogan mobilisateur écarte d’emblée les musulmans originaires des pays arabes à qui l’on a fait gober l’équation antisémitisme = antijuif, et que le texte ne fait aucune allusion aux mosquées, dont certaines ont subi le même sort que certaines synagogues ? Parmi les signataires de l’appel, on trouve Bernard Henri Levy, dont la haine envers l’Islam et les Pakistanais a été dénoncée dans un article de William Dalrymple, paru dans Le Monde diplomatique de décembre 2003 ; Elie Chouraki, pris en flagrant délit de manipulation de jeunes collégiens par l’encadrement pédagogique. Les coupes dans les interviews, effectuées par le cinéaste et constatées lors du passage du reportage dans la sempiternelle émission «Envoyé spécial» sur France 2, ont provoqué une vigoureuse réprobation de la part du maire et des enseignants. Le fonds de commerce de l’Holocauste ne faisant plus recette, ce reportage avait en réalité pour objectif de faire «monter la mayonnaise antisémite» et faire oublier, auprès de l’opinion, les images inhumaines de la tragédie palestinienne sous les coups répétés de l’armée israélienne (Tsahal pour les intimes !). Bizarrement, il manquait dans la liste «l’humanitaire» Bernard Kouchner qui, après avoir soutenu avec force arguments (sic) l’invasion américaine en Irak, a soudain perdu l’usage de la parole, malgré les milliers de morts et les sévices infligés aux prisonniers irakiens par la «plus grande démocratie du monde». Dans la rubrique, «Horizon» du même journal(8), toute une page est consacrée à une banale dispute entre adolescents. Pour avoir traité Jonathan de «sale juif», Noureddine a été placé en garde à vue au commissariat, et le père de la victime reçu trois jours plus tard, par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur ! Sollicitude à laquelle ne semble pas avoir eu droit le commissaire de police poignardé lâchement par un membre du Betar, lors de la manifestation du 7 avril 2002. L’avocat du jeune beur dit avoir été sidéré de découvrir qu’«on avait mis en cage des mineurs pour un petit accrochage sans intérêt monté en épingle par les médias». Et de poursuivre : «J’ai trouvé des jeunes embarqués dans l’horreur d’une garde à vue pour avoir lancé des mots auxquels ils ne comprenaient rien.» Ouvrant son cœur à son défenseur, l’un des jeunes a déclaré qu’il s’était fait traiter de «fils de p…», mais qu’orphelin de mère, il aurait préféré «être traité de sale Arabe, ça je connais et je m’en fous» !
Re: qui est semite?
26 juillet 2004, 06:48
Pourquoi tant de haine envers les juifs de la part des arabes/musulmans ?

Quand j'étais enfant à l'école primaire (dans les années 80), j'avais plein d'amis qui étaient musulmans arabes (marocains ou algériens principalement). Bien que j'étais juif, nous nous sentions proches les uns des autres car même si ce n’est qu’écrit dans la Torah et le Coran, nous nous disions « cousins ». Nous venions du même pays, nous pouvions même parfois nous ressembler beaucoup dans les noms de familles notamment… Nous étions peut être même plus proche que les français d’origine. Pourtant il y avait déjà du racisme vis à vis des arabes.
Aujourd’hui, les juifs sont mieux intégrés dans la société française que les musulmans. Ce n’est pas une critique vis à vis des arabes musulmans, c’est juste un constat.
C’est sans doute due probablement à un racisme plus grand de la part des français de souche vis à vis des arabes (en raison de la guerre d’Algérie) que vis à vis des juifs (la deuxième guerre mondiale doit y être pour quelque chose sûrement).
Est-ce pour autant que les arabes musulmans doivent en vouloir aux juifs ??? L’objectif de chacun est il de diminuer l’intégration d’une communauté ou plutôt que le plus de gens possibles réussissent ?
S’il vous plait, cousins arabes musulmans, arrêtez de rejeter vos difficultés sur les juifs… Arrêtez de manifester du racisme envers eux. Ca ne sert à rien. J’ai heureusement encore plein d’amis musulmans qui s’intègrent parfaitement dans la société, plein de collègues qui sont dans ce cas. C’est donc possible et ce n’est pas en condamnant des actes de « juifs » dans d’autres pays (Israël notamment) que votre situation en France s’améliorera. C’est en s’intégrant (même si c’est encore difficile, ça viendra c’est sur ! Il faut juste y croire et ça viendra). De plus, inutile de dire que le racisme antijuif n’existe pas dans la communauté arabe, c’est triste mais évidemment faux aujourd’hui alors que avant, entre les deux communautés, il n’y avait pas de racisme…
Si vous saviez comme ça m’attriste de lire tant de messages de haines, de rancœur, de la part de mes cousins arabes musulmans envers ma communauté. Trop de choses se confondent… Laissons Israël, l’Irak, les états unis où ils sont et intégrons nous et vivons ensemble en paix en France. C’est cela qui compte.



moi
Re: qui est semite?
26 juillet 2004, 07:57
Ben , alors l'article du haut est exageré?
Nous ne cherchons que la verité; des fois elle est dure à accepter...



Message modifié (26-07-2004 17:59)
Re: qui est semite?
26 juillet 2004, 09:21

Je ne pense pas que pensez ainsi soit une solution.Heuresement que les faits que vous rapportez dans votre article ne concerne qu'une minorité de personnes.Etant étudiante en France dans une université qui comprend une forte population magrhébine et juive je peux vous assurez que tout se passe bien entre les deux communautés et ça redonne de l'espoir à la situation actuelle.Comme quoi c'est possible quand tolérance et respect de l'autre sont au rendez vous.
De plus ce site est le témoignage du temps ou juifs et arabes étaient trés proches et je trouve paradoxal d'énumérez de tels faits sur ce forum.Et je ne vois pas de toutes les maniéres pourquoi les juifs seraient la cause de vos problémes.
Re: qui est semite?
26 juillet 2004, 09:44
Est ce que quelqu'un a dit que les juifs étaient la source des problemes des maghrebins?
Pourquoi se culpabiliser?
Je n'ai pas compris?
Relisez l'article avec objectivité!
J'essaye seulement vous faire souligner "les 2 poids 2 mesures" de la justice Francaise, et l'hypocrysie de la classe politique Francaise!
L'article ne parle ni de juif , ni d'arabe mais d'injustice!
Quand a relever le vouloir de s'integrer socialement en France est du aux sequelles de la guerre d'algerie, c'est un peu mesquin.
A croire que tout les Arabes ou immigrés en France sont Algériens!



Message modifié (26-07-2004 19:52)
Re: qui est semite?
27 juillet 2004, 03:24
Le ravissement de Marie L., par Farid Laroussi
LE MONDE | 19.07.04
Raymond Aron avait pour habitude de définir l'antisémitisme par une anecdote : "Imaginez qu'il y ait un nouveau conflit mondial, vous pouvez être sûrs que ce sont encore les juifs et les coiffeurs qui vont payer les premiers." Il y avait alors toujours quelqu'un pour demander : "Mais pourquoi les coiffeurs ?" L'antisémitisme, comme tout racisme, s'enracine justement dans une telle absurdité tout en ambitionnant de préserver la raison. Aussi n'est-il pas surprenant que le discours antiarabe et antimusulman qui sévit dans la France d'aujourd'hui puise dans l'héritage antisémite français, en particulier celui du XIXe siècle.

Les "Arabes" sont un danger pour "notre France" parce que ce qui est à l'œuvre dans leur religion est foncièrement antichrétien, parce que même s'ils sont français ils restent attachés à une autre culture, une autre terre, ou parce que, tout simplement, ils constituent une menace pour "notre identité nationale".

Aron ne plaidait évidemment pas la cause d'une idylle parfaite entre Français "de souche" et ceux d'origine israélite, surtout dans les années 1960, quand la France n'avait pas encore fait son mea culpa à propos de Vichy. Pourtant, c'est quasiment dans les mêmes termes que l'on pourrait inscrire la fabuleuse histoire de Marie L., mythomane à succès. L'idée de ce qu'elle avance ne la traverse pas. On la croit sur-le-champ. Comme une enfant la première fois, elle se repose dans cette confiance absolue puisque nationale.

La France s'est arrêtée de respirer après avoir appris qu'une jeune femme blanche avait été violemment agressée dans le RER par une bande de jeunes, "Maghrébins et Noirs". Les détails nous emplissent de dégoût jusqu'à la suffocation. C'est pire que de renverser des pierres tombales. Les morts, eux, n'ont pas à respirer cet air de honte qui vient avec l'humiliation publique. Songez que c'est la France elle-même qui est alors agressée. Le Parlement a interrompu ses travaux. Le président de la République et quelques ministres y sont allés de leurs couplets d'indignation nationale. Les médias ont failli à toute déontologie en tirant des conclusions sans vérifier la véracité de l'histoire. Pas grave, un autre jour viendra, puis c'est valable pour toutes les autres fois où des juifs ont été victimes d'Arabes, n'est-ce pas ? Comme les juifs de Raymond Aron, "les Maghrébins et les Noirs" allaient payer.

Mais le piquant de l'histoire est que ceux qu'on oppose entre eux ici sont les juifs et les "Maghrébins". Ces derniers sont parfois affublés de l'euphémisme "sauvageons", comme si on leur retirait le fait d'être français à part entière pour mieux les enfermer dans un no man's land postcolonial. Ne sont-ils pas des indigènes, après tout, comme au temps de l'Algérie française ? Un élément, pourtant, vient perturber cette image fixe et inauthentique : il existe des tensions réelles entre les communautés juive et musulmane. Là se dissocie la donnée raciste purement française. Le Dupont-la-joie dans sa stupidité crasse qui ne manque pas un meeting de Jean-Marie. Cette fois, en effet, il s'agit d'une affaire entre Sémites, comme pour la crise dans les territoires occupés. Or, c'est bien là une proposition fausse. Le fait historique de l'occupation permanente de la Palestine par Israël n'est qu'une caution illusoire à la crise sociale française. Ce qui, face aux agressions des personnes et des lieux de culte, fait écho à une crise politique internationale est en fait le symptôme le plus criant de l'échec de la société aujourd'hui : une politique d'intégration inexistante.

Le mot qui fait consensus et qui, par là même, clôt tout débat est "communautarisme". Mais avant de reprocher à tel groupe de refuser de s'intégrer, de jouer le jeu, on oublie d'évoquer le fait que le communautarisme est bel et bien une invention française. Entre les années 1950 et 1970, les immigrés d'origine maghrébine et africaine ont été regroupés, nolens, volens, dans les cités de banlieue, même si les directives administratives préconisaient un taux maximum de 20 % de population étrangère. La vérité est qu'on est arrivé le plus souvent à des concentrations de 70 %. Comment ne pas s'acheminer alors vers une impasse ?

Les revendications des banlieues ne sont pas le fait de voyous ni d'intégristes, mais de Français qui adviennent à leur identité en dépit des obstacles. Insulter ou attaquer des juifs ne soulage en rien le sort des Palestiniens, mais sert paradoxalement à renforcer le signe de son appartenance identitaire. Bien sûr, il y a une ineptie à confondre la critique d'Israël et le geste de délinquance. On fait avec le sang des autres ses propres sacrifices. Ceux qui pensent que derrière ces actes inacceptables se dissimulent des imans pousse-au-crime se trompent lourdement, ou bien se gargarisent de leur islamophobie.

La grande difficulté pour un diplômé bac + 4 de décrocher un emploi digne de sa qualification ou la quasi-impossibilité pour un jeune couple de louer un appartement en centre-ville contribuent largement à créer cette vision totalisante qu'il existe un autre monde en France, dont tout un chacun peut jouir, sauf les affligés du stigmate maghrébin. La frustration est double : d'abord un sentiment que d'autres auront la place sans aucune raison valable, ensuite que soi-même on en est privé en propre depuis sa naissance.

Il est évident que juifs et musulmans devraient être sur le même bateau et faire cause commune contre le vieux fonds raciste français. Mais la situation en 2004 n'est plus celle des années 1980, qui ont vu l'avènement du Front national. La haine et le mal-être social se sont reportés inégalement sur les deux communautés, dont l'une, la juive, a vu son histoire française reconnue et légitimée. Les récentes commémorations et autres cérémonies officielles portant sur la seconde guerre mondiale ont en quelque sorte, et à juste titre, entériné l'identité juive française, dont la blessure de l'Holocauste restera toujours vive. Mais le même travail reste à faire sur le passif colonial français. Des millions de personnes sont mortes, des cultures ont été anéanties ou altérées, et les présences maghrébine et africaine en France ne sont que l'avatar de cette situation tragique.

Pourquoi, par exemple, les manuels scolaires qui décortiquent la seconde guerre mondiale font-ils l'impasse sur les guerres coloniales ou sur la torture en Algérie ? Pourquoi donc un élève juif peut-il se rendre dans une école publique avec une étoile de David autour du cou, alors que le foulard pour une jeune fille est considéré comme une offense à l'idéologie laïque ? Pourquoi insiste-t-on sur l'indifférenciation religieuse nécessaire dans les écoles publiques, alors que tous les congés sont basés sur le calendrier catholique ? Et cette loi indigne, de février dernier, ne consiste-t-elle pas à déclarer à un groupe particulier, sous couvert d'égalitarisme : "Vous n'avez pas votre place ici, votre religion est coupable - ou déshonorante" ?

Pour rendre les choses plus amères encore, l'antisémitisme est devenu le schibboleth de l'intelligentsia française. Aujourd'hui, en France, ce que cette forme de racisme particulière empêche de penser est une véritable éthique sociale. On semble sombrer à la fois dans le conformisme de la raison et l'irrationnel historique. Une démarche qui va dans le sens du stéréotype culturel qui figure le juif comme la victime et le musulman comme le suspect. Telle est l'admonition chez ceux qui voient de la racaille et du benladisme à chaque coin de rue.

Cette essentialisation illustre - ô combien - le fait que la France s'est figée dans une crise sociale pourtant tellement prévisible. Ce n'est pas un hasard si, en moins de deux ans, on a assisté à des faits divers où l'antisémitisme n'avait aucune pertinence mais surnageait, médiatiquement parlant, de par une vraisemblance des situations. Un peu comme les Fables de La Fontaine, qui seraient presque vraies, n'était le détail des animaux mis en scène. Décembre 2003 : deux élèves sont exclus du collège Montaigne, à Paris, pour "menaces à l'encontre d'un élève juif", sans qu'aucun témoin entendu par le conseil de discipline ne corrobore les faits. Janvier 2004 : le rabbin Farhi est victime d'une agression au couteau de quelqu'un "de type maghrébin", alors que l'enquête révélera que l'ustensile provenait de la cuisine des lieux. Juin dernier, à Epinay : un jeune homme juif est poignardé par un homme qui aurait crié : "Allah Akbar !" Huit autres personnes seront agressées de la même manière, y compris des musulmans, sans que les médias se rétractent sur l'annonce d'une prétendue visée antisémite dans le geste du déséquilibré.

Enfin, le 9 juillet, il y a eu l'histoire invraisemblablement vraie de Marie L. Tous les ingrédients sont là, jetés en pâture à un public acquis d'avance : l'arbitraire, la violence, l'indifférence et, bien sûr, l'identité des pseudo-coupables.

Le succès du récit de Marie L. provient de l'autoaffirmation d'un nouveau dogme français. On ne devrait plus parler de "clash des civilisations", mais plutôt d'un clash à l'intérieur de la civilisation. Il y a une telle saturation de la référence antisémite - et cela ne décrédibilise pas les réelles et trop nombreuses agressions qui ont eu lieu depuis le début de l'année - que le signe-racisme renvoie moins à une vraie situation (des individus attaqués pour leur identité juive) qu'à un autre signe : la mauvaise conscience française.

On peut reconnaître là la stratégie du pouvoir politique et intellectuel de la génération engagée après la seconde guerre. C'est le discours du Vel' d'Hiv' de Chirac oppposé à la francisque pétainiste de Mitterrand. Par quoi il ne s'agit pas de verser dans les clichés de la culpabilité nationale, sur le modèle allemand par exemple. Ce qui se fait en France depuis une dizaine d'années fonctionne différemment. On saccage la part d'avenir qu'il y a dans le présent. L'axe qui va de l'identité ethnique à la citoyenneté française est vulnérable au point qu'on l'évite et lui préfère le boulevard plus rassurant de l'altérité. Le terrain d'entente de la diversité culturelle et de la place de l'islam en France dédaigne les monuments et les mises au pas officielles.

Incorporer des Français issus de l'immigration maghrébine au sein du gouvernement ou bien créer un conseil du culte musulman aux ordres du ministère de l'intérieur n'a rien d'une politique d'intégration. Cela revient plutôt à peigner la girafe tout en prenant le public pour des imbéciles. Le vrai espoir réside dans l'égalité des chances et des droits, ce qui éviterait les fausses sorties et autres déconvenues, et formerait un sentiment d'intégration dans cette tranche sociale issue de l'immigration maghrébine qui a soif de reconnaissance depuis si longtemps.

Quand un homme politique d'envergure nationale est condamné pour corruption et détournement de fonds, ce n'est pas toute la classe politique qui se trouve mise à l'index. Alors pourquoi noircir tout un groupe pour les actes de quelques voyous, même imaginaires ? Au bout du compte, tout le monde a menti avec Marie L. Elle nous a ravi la parole.

Farid Laroussi enseigne la littérature française contemporaine et la littérature francophone du maghreb à l'université yale (connecticut).

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 20.07.04
Re: qui est semite?
27 juillet 2004, 06:56
....... toute les religio qi éxiste elle serv pratiqmen a rien sauf a engendré la violons



peace and love a vous
Re: qui est semite?
27 juillet 2004, 06:58
quelle litterature!
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